Résumé : Au salon, Wassila ressentit tout de suite la froideur de Feriel à son égard. Lors de la pause de la mi-journée, elle s'excusera auprès de son amie pour son comportement de la veille et lui parle de ses appréhensions vis-à-vis de Athmane... Puis elle lui parle de Lyès, et lui avoue sa surprise lorsqu'elle avait découvert que Latifa étais sa sœur. Y voyait-elle un inconvénient ? Wassila secoue la tête : -Pas moi... Mais Lyès m'avait laissé deviner qu'elle n'approuvait pas son choix. Je ne suis qu'une employée de salon... Elle aurait aimé quelqu'un de mieux. -Mais de quoi je me mêle... Lyès t'a choisie... Il est en âge de prendre ses propres décisions... -C'est justement pour cela qu'elle lui en veut... Elle sait qu'elle ne pourra pas l'empêcher d'épouser la femme de son choix. -Tu ne vas tout de même pas t'encombrer de ces futilités Wassila... Il t'a fallu du temps et de la patience pour tomber sur un homme qui veut t'épouser et fonder un foyer... L'heure n'est plus aux palabres ni aux hésitations... Latifa a fait sa vie et sera bientôt grand-mère... Elle n'a qu'à s'occuper de son foyer et de ses enfants, et laisser les autres mener leur existence comme ils l'entendent... -C'est toi qui le dit Feriel... Enfin... Nous verrons... J'ai encore toute la semaine devant moi pour prendre une décision... -Ne sois pas trop sévère envers toi-même Wassila... Lyès te veut comme épouse... C'est là l'essentiel... N'écoutes que les élans de ton cœur, le reste ne compte pas... Wassila hoche la tête : -Je vais tenter de me raisonner... Latifa passe tous les mercredis au salon pour se coiffer, n'est-ce pas.. ? -Oui... Tu crains une mauvaise réaction de sa part dans le cas où Lyès la mettrait au courant de votre rendez-vous... ? -Je n'en sais rien Feriel... Je n'aimerais surtout pas me donner en spectacle dans ce salon. La patronne ne passera pas par trente-six chemins pour me mettre à la porte. -Ne t'en fais donc pas... C'est toujours moi qui prend Latifa en charge et je saurais comment l'amadouer. En tous les cas, je te promets qu'elle ne fera pas de scène au salon... Elle est bien trop fière pour se rabaisser à ce niveau. Deux jours passent. Wassila a réussi à éviter Athmane. Mais ce dernier n'avait cessé de l'appeler. Elle n'avait répondu qu'une fois à ses appels pour lui dire qu'elle était très occupée et qu'elle devrait espacer leurs rencontres au maximum. Il n'était pas satisfait de cette réponse bien sûr. Mais ne pouvant rien faire d'autre, il s'était acharné à la rappeler plusieurs fois. Wassila finira par éteindre son portable pour éviter ses appels. Tenace, il l'attendra au seuil de l'immeuble, mais elle s'esquive en lui disant que sa mère était souffrante et qu'elle devrait rentrer chez elle pour la soigner. Le matin, elle prend soin de descendre avec son frère pour se rendre à son boulot. Au troisième jour, Athmane se pointe devant le salon. Il attendit patiemment durant de longues heures que la jeune femme se montre. Mais Wassila refuse de lui parler. Elle l'accuse de vouloir lui créer des ennuis en se postant ainsi devant son lieu de travail où on risquait de le surprendre. Déçu par la réaction de la jeune femme, Athmane devint soupçonneux. Quelque chose se tramait dans son dos. Wassila n'était plus la même depuis quelques jours. Plus précisément depuis le jour où il l'avait vu sortir pour se rendre à son rendez-vous. Car il n'en doutait plus : Wassila avait quelqu'un d'autre dans sa vie. Sinon, comment expliquer son comportement et son indifférence envers lui ces derniers temps ? Il se passe la main sur le visage. Il aurait dû prendre les devants et divorcer de Khadidja pour l'épouser. Maintenant qu'il sentait qu'on la lui prenait, il ne pouvait nier sa part de responsabilité dans leur relation. Wassila l'avait exhorté à maintes reprises à trancher dans une situation qui les dépassait tous les deux. Elle voulait fonder un foyer et avoir des enfants. C'était légitime... Mais chaque fois, quelque chose l'empêchait de passer à l'action... Il pensait surtout à ses enfants qu'il ne voulait pas quitter... Mais tout compte fait, c'était aussi son avenir qu'il sacrifiait. Il n'avait jamais su prendre la bonne décision dans la vie... Son mariage raté était le reflet vivant de son inconscience. Il secoue la tête. Il avait bu le calice jusqu'à la lie. Khadidja lui avait mit le grappin dessus... Elle voulait le garder contre vents et marées, même si elle avait compris que leur union battait de l'aile depuis le début... Pour ne pas l'accuser à tort dans tout ce qui leur arrive, il reconnaissait que lui aussi avait laissé passer les meilleures années de son existence, sans avoir le courage de mettre fin à une vie conjugale qui n'en était plus une. Et maintenant... ? Il secoue encore la tête : maintenant, il devrait faire quelque chose, et très vite. Sinon Wassila allait lui filer entre les doigts. (À suivre) Y. H.