L'année 2014 aura été marquée par des événements majeurs qui constitueront, sans nul doute, un tournant stratégique dans les politiques économiques menées jusqu'à présent par les pouvoirs publics. La chute brutale des cours des hydrocarbures, la dépréciation de la valeur du dinar qui, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, au premier semestre 2014, "la baisse du taux de change moyen du dinar face à l'euro est de 4,32%". à ces contraintes financières, il faut ajouter l'impact sur la sphère macroéconomique ave le déséquilibre budgétaire, la tendance haussière des importations. Autant de facteurs qui suscitent des inquiétudes et incitent à la prudence. Mais à côté de ses clignotants rouges, force est de constater une continuité dans la politique sociale du gouvernement en faveur des catégories les plus vulnérables, la volonté de relance du secteur industriel en vue de diversifier notre économie pour l'arracher des griffes de la rente, la poursuite des programmes de logements ainsi que des différents systèmes d'aide et d'insertion des jeunes dans le monde du travail pour endiguer le chômage. En revanche, l'année qui s'achève aura été marquée également par une explosion des importations (60 milliards de dollars) et une passivité inexpliquée de la justice face aux grands dossiers de la corruption, de la dilapidation des deniers publics et de la lutte contre les forces de la spéculation et les lobbys de l'import-import. Dans de telles conditions, comment peut-on demander décemment aux populations les plus fragilisées d'accepter une période d'austérité qui accentuerait leur précarité ? Bien évidemment, même si nous disposons encore d'une relative marge de manœuvre pour traverser sans trop de turbulences le scénario d'une crise annoncée à court terme, des mesures immédiates doivent êtres prises si l'on veut éviter le pire. Dans ce contexte, des voix dissonantes au niveau de l'exécutif se télescopent. Le gouverneur de la Banque d'Algérie avertit le parlement sur les risques de l'aggravation de la situation économique et financière : "Si les réserves de change peuvent amortir un choc dans l'immédiat, elles pourraient s'effriter en cas de baisse prolongée des cours du pétrole." Pour M. Bouchareb, ministre de l'Industrie et des Mines, qui s'est essayé à un exercice de la relance du secteur industriel à travers les recommandations de la dernière conférence nationale sur le développement économique et social, "il y a nécessité de relancer en urgence la production nationale et diminuer les dépenses et les importations superflues". Il appelle à une mobilisation générale et à une participation effective du secteur privé pour faire face aux difficultés qui s'annoncent. Sous d'autres cieux, des "couacs" entre les différents membres du gouvernement existent, mais quand il s'agit de l'intérêt supérieur de l'Etat et de la nation, un resserrement du front intérieur est vite trouvé, en faisant jouer la solidarité gouvernementale ainsi que les compromis négociés avec l'opposition. Alors comment décrypter les sorties médiatiques d'autres ministres qui, à l'instar des ministres du Commerce, du Travail, des Finances qui adoptant l'adage "je n'ai rien vu, rien entendu et rien dit". Sauf qu'ils ont dit et que le président ne veut pas se prononcer à chaud comme à son accoutumée. Au demeurant, le dernier conseil interministériel, dont rien d'officiel n'a filtré, laisse probablement les portes ouvertes à divers scénarios qui seront envisagés pour 2015. De deux choses l'une : ou ces ministres ont été instruits par leurs mentors, ou ils participent d'une politique qui, face à la gravité de la situation, vise à préserver les intérêts de certains clans du pouvoir dont la voracité n'a pas de limite. Ou bien expriment-ils une panique des gouvernants qui manquent de visibilité stratégique devant les défis qui se présentent au pays. Au rythme où vont les choses, l'année 2015 ne s'annonce pas sous de bons auspices. A. H.