La présidence d'honneur de l'ONM a été attribuée au chef de l'Etat. Les travaux du Xe congrès de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) ont commencé, hier, dans l'après-midi avec l'élection du bureau du congrès et l'entame de la lecture des rapports des bureaux de wilaya. La discussion des différents comptes-rendus se poursuivra aujourd'hui. Demain aura lieu l'élection de la nouvelle instance exécutive. Plus d'un millier de participants — sur 120 000 adhérents — prennent part à la "messe" de l'ONM. Durant la première journée, neuf candidats avaient manifesté leur désir de briguer le poste de secrétaire général. Le responsable sortant ne cache pas également cette prétention. Désigné en tant qu'intérimaire au début de l'année 2000, suite à la nomination de Mohamed-Chérif Abbès au gouvernement, Chérif Daâs souhaite entériner son sacre. Des rivaux annoncés çà et là, à l'instar de la sénatrice Zohra Drif ou de l'ancien ministre des moudjahidine Saïd Abadou, pourraient néanmoins lui ravir le fauteuil. Quoi qu'il en soit, l'ONM ne semble plus constituer un enjeu majeur pour les tenants du pouvoir. Fer de lance de la sacro-sainte famille révolutionnaire, elle a eu par le passé à influer sur l'issue des joutes électorales en faisant la promotion du candidat du système. Aujourd'hui que Abdelaziz Bouteflika a décidé de mettre la révolution au musée, l'ONM doit cesser d'être un faire-valoir. Sa mission consiste à présent à honorer ses hommes et leur mémoire. Dans son discours devant les congressistes, le président de la République a exhorté la nouvelle génération au respect de leurs aînés et à méditer le rôle déterminant qu'ils ont joué dans la libération du pays. Dans une salle archi-comble, le discours du président sonnait comme une reconnaissance. Il se voulait aussi un avertissement à ceux qui continuent à user de leur qualité d'ancien maquisard pour servir des intérêts matériels ou politiques. Le choix des délégués au congrès laisse pourtant entrevoir cette intention, du moins le désir profond de chaque candidat au secrétariat de l'Organisation de rallier un nombre suffisant de voix. Cela fait huit ans que le congrès ne s'est pas tenu. Invoquant le contexte sécuritaire, les responsables de l'ONM justifient les multiples reports. Toutefois, ils occultent le fait que l'organisation était otage de luttes partisanes principalement entre deux formations politiques, en l'occurrence le FLN et le RND. La scission au sein de l'ex-parti unique à l'occasion de la dernière présidentielle a entraîné sa neutralisation. De toutes les organisations de masse, l'ONM est la seule à avoir adopté une position neutre. S. L./ L. B.