Week-end sanglant au Mali. Après l'attentat de samedi qui a ciblé un restaurant à Bamako et qui a fait cinq victimes dont un Français et un Belge, revendiqué hier par le groupe terroriste Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar, hier, dimanche, des tirs de roquettes ont ciblé un camp des forces de l'ONU à Kidal faisant, au moins deux morts et une douzaine de blessés. Dans sa revendication, le groupe terroriste dit "vouloir venger le prophète, de l'Occident mécréant qui l'a insulté et la mort de l'un de ses chefs, Ahmed Tilemsi", abattu par l'armée française en décembre dernier. Ces deux attaques interviennent une semaine après la signature, à Alger, d'un accord de paix entre les groupes rebelles du Nord et le gouvernement de Bamako. Un accord partiel puisqu'il n'a pas été signé par la CMA, la coordination qui regroupe le MNLA, le HCUA et le MAA que, d'ailleurs, vient de sommer le Conseil de sécurité de l'ONU de signer dans un délai de dix jours. Y a-t-il un lien entre la signature de cet accord et la reprise des attentats ? D'aucuns ont vu en ces actes terroristes une tentative de saper l'accord d'Alger. Possiblement. D'autant plus que des pays ont tenté d'entraver le processus d'Alger, à l'instar du Maroc qui a essayé, par le biais du MNLA, de torpiller l'initiative algérienne. Il y a également les mises en garde des experts qui ont alerté contre un retour progressif des terroristes dans le Nord-Mali pour tenter de reprendre le terrain perdu lors de l'intervention française en 2012. Cela se confirme avec l'attentat de Bamako revendiqué par Mokhtar Belmokhtar qui se serait réfugié, depuis l'opération Serval, dans le sud de la Libye. Cela dit, les forces de la Minusma chargées de la stabilisation des régions du Nord ont dû subir des attaques sporadiques. Signe que le terrain n'est pas totalement nettoyé. L'autre élément venu troubler le processus de stabilisation est le retour dans la région de Kidal du chef d'Ansar Eddine, Iyad Ag Ghaly qu'aurait rencontré un journaliste allemand. Une présence que le président malien Ibrahim Boubacar Keita a qualifiée de danger pour la paix et la stabilité de son pays. Cela d'autant qu'il avait promis de venger les crimes commis par la France et les croisés qu'il considère d'ailleurs comme des forces d'occupation. Ce qui va rendre la tâche plus difficile d'autant que les forces régionales et internationales doivent opérer sur plusieurs fronts avec l'instabilité et le chaos libyen où a pris déjà racine le mouvement Etat islamique (Daech) et depuis quelques mois la montée en puissance de Boko Haram, le groupe terroriste nigérian qui est passé des opérations locales à des attaques dans les pays voisins, le Cameroun et le Niger alors qu'il vient d'annoncer son allégeance à Al-Baghdadi. Reste maintenant à savoir quelle sera l'attitude des groupes rebelles du Nord qui se sont engagés, dans l'accord de Ouagadougou et celui d'Alger, à combattre le terrorisme. D. B.