En réaction à la décision du syndicat Cnapeste de poursuivre le mouvement de grève initié le 16 février dernier, l'Association nationale des parents d'élèves (ANPE) a tenu, hier, au centre culturel Hassani de Bouzaréah à Alger, une assemblée générale extraordinaire afin de voter les actions à entreprendre. Les représentants de l'association des wilayas ont chacun exposé leurs propositions. Après un vote à main levée, l'ANPE a décidé de rédiger une requête qui sera adressée à la présidence de la République ainsi qu'à la chefferie du gouvernement, dès lundi matin. Estimant leurs enfants "pris en otage par le Cnapeste", les parents d'élèves réclament l'intervention du premier magistrat du pays afin que les conditions d'exercice du droit de grève soient mieux précisées par la loi. "Il y a 8 millions d'élèves, si on ajoute leurs parents, cela fait au total 25 millions d'Algériens, soit les deux tiers de la population qui est prise en otage par les enseignants du Cnapeste", s'indigne le coordinateur de la section d'Alger de l'ANPE. "Nous demandons l'intervention du Premier ministre", conclut-il. Parmi les présents, nombreux étaient les parents d'élèves exerçant la profession d'enseignant. Il était donc difficile pour eux de plaider pour des mesures en faveur du sabotage de la grève. Néanmoins, la défense des droits syndicaux a laissé place à la préservation de l'intérêt des élèves, notamment ceux en classes d'examen. "Utiliser les élèves pour faire plier la tutelle n'est pas acceptable", a estimé le représentant de l'ANPE à Oum El-Bouaghi. Citant l'article 43 de la loi 90-02, le président de l'association va plus loin en suggérant que ce dernier "devrait comprendre l'éducation nationale parmi les secteurs stratégiques où le recours à la grève est soumis à des conditions". Les revendications présentées par le Cnapeste ont également fait débat parmi les parents d'élèves. "La promotion automatique et la retraite après 25 ans de service sont des revendications déraisonnables", a estimé Khaled Ahmed, président de l'ANPE. "Nous sommes aussi des cadres dans la fonction publique ou dans le privé et nous devons répondre à des conditions précises pour atteindre un poste supérieur. Pourquoi doit-on faire une exception pour les enseignants ?", questionne un parent d'élève. Pour l'ANPE, "les syndicats doivent privilégier d'autres moyens de protestation qui ne mettent pas en péril l'avenir des enfants". De même, ils estiment que "la tutelle doit répondre clairement et rapidement aux doléances des enseignants afin d'éviter des situations de pourrissement". L'ANPE appelle également les syndicats et le ministère à les inclure davantage dans les négociations. "Les parents d'élèves doivent, au minimum, jouer le rôle d'observateurs lorsqu'un conflit oppose la tutelle aux enseignants", ont-ils proposé. Enfin, les représentants des parents d'élèves n'excluent pas d'organiser une journée nationale de protestation, si un terme n'est pas mis à cette grève. A. H.