Pour Mme Benghebrit, le Cnapeste est en situation d'exercice abusif du droit de grève et considère certaines de ses revendications "hors la loi". Lors d'une conférence de presse, organisée hier après-midi au siège du ministère de l'Education nationale, Mme Benghebrit a adressé un message aux élèves pour qu'ils ne perdent pas leur "confiance et motivation". La ministre les assure, ainsi que leurs parents, qu'il est encore temps de rattraper les retards causés par la grève. Ces rattrapages seront organisés par les établissements eux-mêmes, en fonction des besoins spécifiques de chacun. Des consignes ont été données aux directions de l'éducation dans chaque wilaya afin que les équipes dirigeantes prennent en charge les retards. Divers moyens ont été mis à leur disposition, notamment des supports numériques. "Dès aujourd'hui, toutes les directions de l'éducation recevront des CD, élaborés par l'Office national de l'enseignement et de la formation à distance (Onefd), contenant la totalité des programmes de terminale. Ils ont pour consignes de les dupliquer et d'en faire parvenir une copie à chaque élève", explique Mme Benghabrit. Les élèves bénéficieront, également, d'un mot de passe donnant accès à la plateforme de l'Onefd sur Internet. "Cette plateforme permet aux élèves de s'entraîner et d'être évalués", précise la ministre. Les directions de l'éducation ont également la possibilité de recourir à un encadrement pédagogique extérieur. "Toutes les ressources seront mobilisées : retraités, parents d'élèves, étudiants en fin de cycle et professeurs de l'Ecole normale supérieure (ENS)", indique Mme Benghebrit, qui annonce, en outre, "mettre à leur disposition les financements nécessaires pour accompagner ce processus". Se basant sur les évaluations menées par les inspecteurs au cours des 1er et 2e trimestres, le ministère estime le taux national d'avancement des programmes autour de 70% à 75%. "Au cours des années précédentes, à la même période, ce taux atteignait à peine les 55%", annonce la ministre. Selon elle, cette avancée résulte des dispositions gouvernementales prises en faveur des enseignants et d'un fonctionnement de l'école aux standards pédagogiques internationaux. Même si la grève dure depuis le 16 février dernier, Mme Benghebrit évalue le rattrapage à "dix jours de cours", car, explique-t-elle, "cette période comprenait la tenue des compositions et des conseils de classe". "La négociation syndicale obéit à des règles" Tout en dénonçant les effets dévastateurs de ces grèves, qu'elle qualifie de "structurelles", la ministre annonce sa volonté d'aller vers un usage plus fréquent de l'enseignement à distance et à l'aide de supports numériques. "Il se pourrait bien que ces grèves à répétition nous amènent à privilégier l'innovation pédagogique avec un plus grand appui sur le numérique", a-t-elle affirmé. À la question de savoir s'il ne s'agit pas de mesures qui vont à l'encontre des droits syndicaux, la ministre répond par la négative. "Nous ne remplaçons pas les enseignants grévistes, mais nous n'allons pas nous laisser faire", prévient-elle. S'agissant des revendications pour lesquelles le Cnapeste a décidé de poursuivre la grève, à savoir : la promotion automatique et la retraite après 25 ans de service, Mme Benghebrit relève leur non-conformité avec la législation. "Le Cnapeste est en situation d'exercice abusif du droit de grève. La grève ouverte est illégale et nous prendrons les mesures qui s'imposent", affirme-t-elle. Outre les ponctions sur salaires déjà opérées, Mme Benghebrit annonce donc que la prime de rendement sera retirée aux enseignants grévistes. "Notre objectif est que les enseignants se remettent au travail, c'est pourquoi, nous allons leur faire parvenir l'ensemble des procès-verbaux signés jusque-là, et je suis sûre qu'après une lecture attentive, beaucoup vont retrouver confiance en la tutelle", estime-t-elle. "Nous faisons de très gros efforts mais, en face, nous avons trop d'exigences", dit-elle, avant d'ajouter que "les syndicats devraient être formés car la négociation syndicale obéit à des règles qu'il faut respecter". De plus, la ministre revient sur la nécessité d'adopter "une charte éthique de la profession" et appelle tous les intervenants à prendre leurs responsabilités face au devenir de l'école. "L'avenir de l'école ne peut être hypothéqué pour leur faire plaisir", conclut-elle. A. H.