À la sémantique menaçante du message de Bouteflika lorsqu'il évoque les questions internes (le front interne) succède paradoxalement un ton "fraternel", diplomatique, lorsqu'il évoque les questions internationales, les crises du Mali et de la Libye, en particulier, et des processus de paix engagés sous l'égide de l'Algérie et de l'ONU. "Nous nous félicitons de la conclusion de cet accord qui constitue une étape importante du processus de paix et de rétablissement de la stabilité dans ce pays voisin", dit-il en parlant de la crise malienne et de l'accord de paix signé le 1er mars à Alger. Signe d'une prise de conscience et de responsabilité des leaders maliens qui ont fait montre, selon le président Bouteflika, d'un haut degré de maturité. "C'est le lieu, ici, de saluer le haut degré de maturité des frères maliens et leur ferme attachement à mettre fin à la crise qui a failli mettre à mal leur pays, par la voie du dialogue et de la réconciliation nationale, dans le plein respect de l'intégrité territoriale, de l'unité nationale du Mali et d'une cohésion renforcée de la société malienne", est-il écrit dans son message. Même appréciation au sujet de la Libye dont il salue la volonté affichée par toutes les parties de s'engager dans le dialogue. "Nous saluons, par ailleurs, la volonté résolument exprimée par les parties libyennes de s'engager dans un dialogue inclusif en vue de permettre à leur pays de surmonter la crise actuelle et de se doter des institutions nécessaires à sa reconstruction", est-il écrit dans le message qui, par ailleurs, rassure que l'Algérie continuera à soutenir et à contribuer aux efforts en cours pour permettre au peuple libyen de préserver son unité, sa souveraineté et l'intégrité territoriale de son pays. Et de rappeler que le souci de l'Algérie dans la sous-région est la recherche de la paix et de la stabilité pour créer les conditions de la lutte efficace contre le terrorisme et ses connexions, le trafic de drogue, d'armes, le crime transnational, qui constituent une sérieuse menace pour tous les pays de la région. Même préoccupation quant à la situation qui prévaut dans d'autres pays arabes qui "endurent des atrocités dont nous connaissons la cruauté", et dans ce contexte, le Président réitère le soutien et la solidarité de l'Algérie avec le peuple tunisien frère et voisin. Le Président a invité les pays qui connaissent des troubles à choisir la voie du dialogue qui est la solution idoine. Exactement le discours attendu d'un chef d'Etat dont le souci majeur, dans le cas du président Bouteflika, est la paix et la stabilité dans le voisinage immédiat. Il rappelle, en fait, un principe fondamental de la politique étrangère algérienne qui est la non- ingérence dans les affaires internes des autres pays et le privilège des solutions politiques dans le règlement des crises. Une rhétorique qui tranche nettement avec la partie du discours destiné à la consommation interne dans la formulation et la teneur. Les "champs" linguistique et lexical ont évolué tout en tranchant à la fois sur le ton et le contenu, passant, sans transition, de la menace sur la presse et l'opposition au cordial et fraternel avec une dose de conseil, devoir d'un pays voisin et frère. En somme, une terminologie très contrastée. D. B.