En ligne de mire, l'augmentation impérative de la production de pétrole et de gaz de Sonatrach. Le ministère de l'Energie a évoqué, récemment, à la faveur de la rencontre avec le patronat, un programme d'investissement de 90 milliards de dollars qui sera engagé par Sonatrach. Et il veut y associer le privé national. Il souhaite l'impliquer dans toute la chaîne des hydrocarbures. Les opportunités que l'Etat a l'intention d'offrir au privé couvrent des volets aussi complexes que la sismique 2d et 3d, le forage de puits d'exploration et de développement, des projets d'installation et d'équipements de production, des d'infrastructures, et même des projets dans le HSE et dans la télécommunication. Dans le cadre de ce plan, il est question d'importante prospection sismique : 10 000 km2 par an de sismiques 2d et 26 000 km2 par an de sismique 3d. Pour Mohamed Saïd Beghoul, consultant et expert en énergie, il serait difficile au privé de s'impliquer dans le sismique, il n'a pas les moyens techniques pour le faire. De plus, la législation pétrolière est claire, à ce sujet : ne peuvent s'engager dans l'exploration que les entreprises disposant de capacités techniques et financières avérées. C'est une disposition bloquante. Il est toutefois possible que certains privés locaux interviennent dans ce domaine, mais en investisseurs, pas en opérateurs. Peu d'opportunités s'offrent également au privé dans le traitement du pétrole brut et du gaz, un créneau où il est prévu 11 projets de traitement de pétrole brut, 18 projets de traitement de gaz naturel,... Les entreprises privées locales peuvent cependant s'intéresser au transport par canalisation, un secteur où il y a de la place pour elles, ainsi que le souligne Saïd Beghoul. Il est attendu dans cette branche d'augmenter les capacités du réseau de transport de plus de 59 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) (canalisation, station de pompage et de compression), soit 32% de la capacité du réseau du Sud et de 9% de celui du Nord. En matière de raffinage et de pétrochimie, le programme de développement sus-évoqué, comporte une somme de projets : craquage de fuel (capacité de quatre millions de tonnes), trois nouvelles raffineries, complexe CP3K de Skikda, complexe de méthanol et dérivés, site de pneumatique... Même si elle s'invite dans cette filière, l'entreprise privée a de minces chances de se voir confier des projets, pour la simples raison qu'elle n'a pas les moyens techniques pour les réaliser. Il y a par contre des opportunités dans les services sous-traités (entretien du parc informatique, transport du personnel, dans les services d'assistance techniques, dans le transport de marchandise, dans l'entretien des espaces verts,... L'effort dans l'exploration et dans toute la chaîne d'hydrocarbures a pour finalité de relever la production nationale, laquelle est passée par un plateau avant de commencer à décliner. Après le plateau de 75 millions de tonnes en 2004, la production de pétrole a baissé pour atteindre 58 millions de tonnes en 2013, soit une diminution de 23% en 9 ans, celle de gaz a reculé de 18% en 5 ans, rappelle Baghoul. De manière plus globale, la production est tombée de 233 millions de tep (tonne équivalent pétrole) en 2007 à 187 millions tep en 2013, soit une baisse de 20% en l'espace de six ans. Y. S.