Cinquieme chapitre : Malgré elle... Résumé : Ils arrivent dans l'après-midi à Rouiba. Hayet est là et les guide dans le quartier. Le studio est parfait. Maria le nettoie et bouge les meubles, l'arrangeant à son goût. En fin de journée, le vieux couple monte les voir... Maria a l'impression de rêver. Le vieux couple, hadj Zoubir et sa femme Fatima, sont ouverts. Elle les trouve d'emblée sympathiques. Tout en voulant en savoir plus sur elle, les questions de la bonne femme ne l'indisposent pas. -Benti, on te demande une chose ! Il faut que tu nous comprennes ! Hayet a toujours ramené des filles tranquilles, sans problème. Des travailleuses qui ont toutes quitté le studio pour aller fonder une famille ! Maintenant ce studio est le tien ! Tu peux mener ta vie comme bon te semble mais ta conduite doit être irréprochable ! -Oui, je comprends, dit Maria. Hayet ne m'a pas laissé de contrat, de bail... Hadj Zoubir délaisse l'enfant pour s'approcher d'elles. -On a un contrat moral ! Au moindre problème, on te met à la porte ! Sache que ce n'est jamais arrivé ! On est un petit quartier, tout se sait ! Alors cela ne nous gêne pas que tu élèves ton enfant ! Ce qui compte, c'est l'honneur ! -Oui, ne vous inquiétez pas ! Personne ne nous montrera du doigt, promet Maria. Y a-t-il une crèche dans le quartier ? -Oui, tout près de l'école, répond Fatima. Si tu veux, on sortira ensemble ! Je te montrerais le quartier ! -C'est gentil... Si j'ai besoin d'aide, je viendrais vous voir ! -On a tout ce qu'il faut dans le quartier ! Le dernier étage et le local, nous les avons loués à une famille qui en a profité pour ouvrir une supérette, lui apprend la vieille. Leurs enfants la tiennent et se chargent des commissions des voisins ! Si tu as besoin de quoi que ce soit, je peux t'envoyer leur petit ! Tu n'as qu'à préparer une liste ! -C'est gentil ! Il va me rendre service ! Envoie-le moi ! Maria les remercie et promet de les inviter à prendre un thé la prochaine fois. -Benti, ma fille, ce n'est rien ! On aura d'autres occasions ! Au fait, l'ancienne locataire a réglé la facture de téléphone ! Si tu n'en as pas besoin, el-hadj pourra couper la ligne ! -Oh non ! C'est toujours bien d'avoir un téléphone sous la main, en cas d'urgence, dit Maria en les raccompagnant jusqu'à la porte. Merci pour la visite ! Je suis soulagée et rassurée de savoir que vous êtes des gens bien ! Hadj Zoubir est passé devant. Fatima lui rappelle que si elle a besoin de n'importe quoi, elle sera là, pour eux. Maria referme doucement la porte et s'y adosse un moment. Les propriétaires lui paraissent bien mais elle pense que ce serait mieux de ne pas les avoir derrière le dos matin et soir. Elle veut préserver l'intimé de son foyer. À force de discuter avec eux, elle sera forcée de mentir. Leur dire la vérité est hors de question, mais elle n'a pas le cœur à mentir. -Mamaaaa ! -Tu dois avoir faim mon ange... Attends ! Deux petits coups discrets leur font tourner la tête. Elle va ouvrir et tombe sur un garçon de dix-onze ans. -Vous avez besoin de quelque chose ? -Oui, entre ! Comment t'appelles-tu ? lui demande-t-elle. -Massi... il est beau, dit-il en regardant Salem qui le regardait avec de grands yeux. Il s'approche de lui et ils restent un moment à se regarder. Maria a sorti du papier et un stylo de son sac. Elle lui écrit rapidement une liste d'aliments de première nécessité et la lui remet. Elle lui donne de l'argent. L'enfant embrasse Salem et file lui faire ses commissions. -Allah n'abandonne jamais ses faibles créatures, dit-elle à Salem. Apparemment, il a mis des gens bien sur notre chemin ! Croisons les doigts pour que ça dure ! Maria appelle Dalila pour lui apprendre qu'ils sont bien arrivés et qu'ils se sont installés. Elle promet de passer la voir quand elle aura le temps. La première chose qu'elle fera demain, c'est chercher du travail. Lorsque Massi revient avec les sacs, elle lui dit de garder la monnaie et de lui acheter des journaux le matin. Avec ses diplômes et son expérience, elle devrait vite se trouver du travail. Elle ne peut pas rester les bras croisés. Ce soir-là, elle ne parviendra pas à dormir, même si son cauchemar était à des centaines de kilomètres de là... (À suivre) A. K.