Les projets de création de microentreprises se heurtent principalement à l'écueil des montages financiers. Les promoteurs de projets validés par le comité de la Caisse nationale d'assurance-chômage se plaignent de la lenteur et des délais que prennent les agents de banque pour rendre le verdict. Lequel verdict n'est pas systématiquement favorable, évidemment. Les chiffres présentés hier par le DG de la Cnac au ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh, illustrent clairement le décalage entre les dossiers validés par la Cnac et ceux acceptés par des banques. En effet, le nouveau dispositif Cnac, destiné à la population en inactivité et âgée entre 35 et 50 ans, a rendu éligible à la création de la microentreprise quelque 7 074 dossiers en huit mois seulement. Et 970 demandes de crédit ont été déjà déposées au niveau des établissements financiers. Seules 75 sollicitations de prêt ont eu le quitus des banques. Ces chiffres n'ont pas laissé indifférents le ministre du Travail pour sortir de ses gonds. Devant le comité de validation siégeant à la Cnac et composé des représentants de la BADR, BNA, CPA, BDL et autres, Tayeb Louh lancera sans ambages : “Il faut sensibiliser vos agents au niveau des agences et des succursales pour accélérer la procédure de traitement des dossiers des chômeurs. Ce n'est pas comme avant, il y a maintenant un fonds de garantie qui indemnise les banques à hauteur de 70% du crédit accordé et non remboursé par le promoteur”. Et d'enchaîner sur le même ton : “le délai de trois mois pour rendre votre verdict, j'estime d'ailleurs qu'il est excessif. Il est temps de situer les responsabilités de tout un chacun”. Un représentant d'une banque lui rétorque : “ce qui est demandé aux banques est trop, compte tenu du volume de travail existant déjà en matière de temps. On est en face de beaucoup de dispositifs en même temps : Ansej, micro- crédit… sans parler des autres clients classiques”. Un autre cadre bancaire relaie son collègue pour dire : “Il faut être indulgent avec les banques. Je vous suggère Monsieur le Ministre, de créer carrément une banque spécifique pour financer ce genre de crédits”. Le ministre hausse encore le ton : “L'Etat ne va plus créer de banques, il est en train de se désengager progressivement. Il faut savoir que le délai de trois mois est de trop déjà. Et les banques ont reçu des instructions dans le sens d'accélérer la procédure de traitement des dossiers”. Le représentant du gouvernement ne s'arrête pas là : “je suis un juriste, je suggère carrément aux promoteurs d'être accompagnés d'un huissier de justice, le jour du dépôt de leur dossier dans les banques, pour dresser un PV de constatation, les responsabilités seront ainsi situées”. Avant de conclure le débat avec les représentants des banques, M. Tayeb Louh a promis d'organiser des réunions cycliques avec les responsables des établissements financiers et même avec l'association des banques et des établissements financiers (Abef) et ce, pour accélérer la procédure de traitement de dossiers de crédit. La journée d'information sur le nouveau dispositif de la Cnac, organisée hier, a été mise à profit par le ministre pour rappeler le programme du président de la république relatif à la création d'emplois, un million de postes de travail d'ici 2009. Le ministre affirmera, à ce propos, qu'on peut relever ce challenge. Avec seulement les dispositifs de l'Ansej et de la Cnac, 500 000 emplois permanents seront, précisera-t-il, créés entre 2005 et 2009. Sinon, le reste sera créé dans le secteur de l'investissement, a-t-il conclu. R. H.