"Consommons algérien" est le slogan à la mode ces dernières semaines en Algérie, à la faveur de la campagne lancée par les pouvoirs publics pour faire émerger le "made in Algeria". à entendre le ministre du Commerce, Amara Benyounès, l'émergence du "made in Algeria" devient capital pour le développement de l'économie algérienne. Reste qu'avant de penser à consommer local, il faudrait savoir si nous possédons un produit local de bonne facture et concurrentiel. Pour répondre à cette question, nous avons consacré une journée à sillonner les hypermarchés et les supérettes de la capitale. Les ménages algériens consacrent une part importante de leurs revenus à l'alimentation. C'est pourquoi nous nous sommes intéressés en premier lieu à ce secteur. A priori, le citoyen n'est pas difficile à convaincre de consommer local. Au vu du développement qu'a connu l'agroalimentaire en Algérie, la tâche semble aisée. Que ce soit pour les pâtes ou les produits laitiers et leurs dérivés avec de très bons yaourts de différents goûts et une gamme variée de fromages, ou l'eau minérale et les boissons gazeuses, le choix du citoyen est sans appel. "Nous avons toujours consommé local pour ce qui est des produits alimentaires", soutient un père de famille rencontré à Ardis, ajoutant que les produits alimentaires locaux sont généralement appréciés pour leurs prix compétitifs comparés à ceux importés. Reste que le pari de ne remplir son caddy que des produits locaux reste encore difficile à tenir. En effet, beaucoup de produits qui sont entrés dans les us de consommation des Algériens restent importés, faute de production locale. Il s'agit essentiellement de tous ce qui est congelé, tels les poissons, les légumes, et les conserves comme les cornichons et les champignons, pour ne citer que ces produits. Le même constat est fait dans les différentes superettes qu'on a eu à visiter durant notre journée. "Pour les produits alimentaires, les gens préfèrent plutôt le local. Pour les autres produits tels les détergents c'est plutôt les produits importés", explique le gérant d'une superette à l'est d'Alger. à l'instar de l'alimentaire, le secteur de l'électronique et l'électroménager tient la route. Malgré la rude concurrence des grandes marques internationales, les produits locaux font jeu égal sur les étals. Que ce soit chez Uno ou Ardis, les clients s'attardent, par exemple, beaucoup plus devant un écran plat de Condor ou Iris que celui d'une marque étrangère. L'électronique et l'électroménager sont des industries que l'Algérie a développées, avec les pionnières que sont les marques publiques Enie et Eniem qui ont ouvert la voie au privé algérien. Le bémol, c'est la disponibilité. En effet, un citoyen nous a fait la remarque. "Il n'y a aucune trace des produits Enie dans nos hypermarchés", déplore-t-il, ajoutant que la marque aura tout à gagner à investir ces espaces de vente. Si pour les produits alimentaires et l'électroménager l'espoir est permis, dans la mesure où la tendance est facilement inversable, le textile, par contre, reste à la traîne. Pour s'en convaincre, il suffit de constater le vide qui règne autour des rayonnages de textile des hypermarchés. Les réponses des clients accostés sur les lieux font ressortir que pour l'habillement et les chaussures, les consommateurs ne semblent pas trop hésiter. Les articles d'importation ont meilleure cote que ceux fabriqués localement. L'autre parent pauvre de la production nationale est sans conteste le produit cosmétique. Certes l'offre est abondante, mais à en croire les clients ces produits pèchent par manque de qualité. "à part quelques très rares produits locaux adoptés par les clients, les parfums, les shampooings et autres gels ont encore beaucoup de chemin à faire", nous explique un vendeur. S. S.