Même si les contextes international et régional peuvent impliquer des menaces sur le pays, il n'en demeure pas moins, selon l'orateur, que la responsabilité incombe au pouvoir qui s'est longtemps affairé à affaiblir l'Etat, les institutions et tous les remparts du pays. Pour son congrès régional tenu, jeudi à Oran, Ali Benflis, président de Talaiou El-Houriyet (avant-garde des libertés), n'a pas fait dans le détail. Après un "point" de satisfaction des préparatifs, l'ancien chef de gouvernement s'est lancé, comme à son habitude, dans un réquisitoire sans appel contre le régime en place dont les pratiques sont bien loin de ses discours et étrangères à la véritable pratique politique. Il en veut pour preuve, a-t-il indiqué dans son allocution devant les militants et les cadres de l'Oranie, son aversion du militantisme et de l'engagement qu'il s'affaire d'ailleurs — et c'est dans sa nature — à marginaliser et à exclure. "Ce système préfère la sujétion à la citoyenneté ; il privilégie la dépendance des clientèles et se défie de tout ce qu'il assimile à une insoumission", a-t-il dit. Et d'énumérer les "tares" de ce système qui fonctionne sur la base de la "négation" de tout ce qui n'est pas acquis à sa vision, quand bien même Benflis s'interrogerait si ce système a véritablement une vision. Exemple récent : la Constitution "abaissée au rang de simple instrument d'une personnalisation du pouvoir". Au même titre que les institutions qui sont soumises à la volonté du pouvoir politique. Même si les contextes international et régional peuvent impliquer des dangers, risques et menaces sur le pays, il n'en demeure pas moins, selon l'orateur, que la responsabilité d'une telle situation incombe au pouvoir qui s'est longtemps affairé à affaiblir l'Etat, les institutions et tous les remparts du pays. Et de qualifier la situation du pays de "quadruple peine". Peine de non-gouvernance, peine d'illégitimité des institutions, peine de non-représentativité et peine de perte de crédibilité. "Oui, l'Etat national est en danger ; oui la nation est en danger ; oui notre société est en danger", dit-il, estimant que ce constat n'est pas exagéré. Bien entendu, pour Benflis, le pouvoir a trouvé le bouc émissaire idéal responsable de sa faillite ; l'opposition. "Il s'agit de l'opposition nationale que le régime politique en place identifie comme source d'une menace pour la nation, une menace qu'il est le seul à voir et qu'il est le seul à monter de toutes pièces", a-t-il indiqué, se demandant si les manquements, les défaillances et les ratages du système sont à mettre dans le catalogue des "menaces" pour le pays. Parce qu'en fait, a-t-il estimé, c'est "un régime politique qui n'a pas la maîtrise de ses nerfs, qui a perdu son sang-froid et avec lui le sens des réalités qui est l'auteur désemparé de ces contrevérités insoutenables" alors que "la situation est plutôt hautement préoccupante". Et c'est dans ce contexte difficile que le parti est appelé à travailler, et que "se situer dans l'opposition au régime en place, a-t-il averti, n'est pas une sinécure". Il voit d'ores et déjà son parti dans l'ensemble de l'opposition voué à la mission du "redressement de notre pays et sa mise sur la voie d'une véritable modernité politique, économique et sociale". Tout un programme. D B.