Soupçonnant le début d'une campagne occidentale d'isolement de la Russie sur la scène internationale, le maître du Kremlin avertit qu'il ne restera pas les bras croisés. Voyant que tout indique que le candidat de l'opposition ukrainienne, Viktor Iouchtchenko, est en passe de remporter l'élection présidentielle, Vladimir Poutine sort de sa réserve et met en garde l'occident quant aux conséquences de la campagne visant à mettre sous leur contrôle les anciennes républiques de l'ex-URSS. Il a clairement affiché son refus de voir la solution “à la yougoslave” appliquée à ces pays. Le président russe estime que l'on applique une méthode similaire à celle qui a conduit à l'éclatement de l'ex-Yougoslavie en petits Etats, tous désormais sous contrôle occidentale. L'objectif de cette opération, qui a commencé l'année dernière avec la Géorgie, par la déchéance du pouvoir de l'homme de Moscou, Edouard Chévardnadze, est d'isoler la Russie sur la scène internationale. Poutine a indirectement accusé Washington d'être derrière la manœuvre. Le renseignement russe sait parfaitement par exemple que Viktor Iouchtchenko bénéficie d'une importante manne financière et du soutien de spécialistes américains, comme ce fut le cas en Géorgie, mais ils ne peuvent le démontrer avec preuves à l'appui. Les Russes, après avoir agité le spectre d'un éclatement de l'Ukraine, cherche maintenant à amadouer le candidat de l'opposition dans l'espoir de ne pas le perdre totalement. Très diplomate, Iouchtchenko a promis que sa première visite après son élection serait pour Moscou pour assurer de sa bonne foi. En dépit de cela, Vladimir Poutine redoute un plan d'action occidental de grande envergure, dont les conséquences seraient néfastes pour son pays, en butte à de sérieux problèmes internes. Il est évident si les anciennes républiques soviétiques continuent à tomber de la sorte dans l'escarcelle de l'Occident, non seulement la Russie perdra toute son influence dans la région, mais verra ses intérêts dans ces pays menacés. En effet, il est invraisemblable que Moscou admette de voir les centrales nucléaires, les centres de recherche spatiale et ses débouchées maritimes vers le Sud échapper à son contrôle. Ne pouvant s'attaquer de front aux Etats-Unis et à l'Union européenne, qui sont derrière la “démocratisation” des pays qui étaient sous influence soviétique, en raison des énormes difficultés économiques auxquelles il fait face, Vladimir Poutine manœuvre à sa manière pour les contrer. Certes, il est en position de faiblesse, mais il n'a pas encore perdu toutes ses capacités d'action sur la scène internationale. La Russie, avec tout son arsenal nucléaire et son avancée sur les plans scientifique et technologique, représente un vis-à-vis redoutable. C'est pour cette raison que les Etats-unis cherchent à l'affaiblir davantage, dans le but de la réduire à sa plus simple expression, dans le cadre de sa politique de globalisation. Malgré le déséquilibre des forces, Poutine ne baisse pas les bras et combat avec les moyens du bord. Reste à savoir jusqu'où il peut aller dans la résistance. K. A.