La valeur de la marchandise est estimée entre 600 et 700 milliards de centimes. Les services des douanes du port d'Alger viennent de procéder à une saisie historique qui s'élève, selon les premières estimations, à plus de “1 million de bouteilles” de whisky frelaté. La marchandise de qualité douteuse a été découverte dans 21 conteneurs de gros tonnage, dits de “40 pieds”, et provient du Mexique, après avoir transité par Malte, nous a indiqué le chef d'inspection divisionnaire du port d'Alger, M. Regue Benamar, se basant sur les documents trouvés à l'intérieur de ces conteneurs. C'est au niveau du quai n°6 du port d'Alger, qui donne sur l'accès au fameux “pont des généraux”, que la découverte a été réalisée. La quasi-majorité des bouteilles ne contient ni indications ni étiquetage. Pas même sur les cartons. Le whisky a été conditionné de la manière la plus archaïque qui soit, en ce sens que, dans un même carton, aucune bouteille ne ressemble à l'autre. Les unes en plastique et les autres aux formes différentes en verre. Ce qui fera dire au chef d'inspection divisionnaire que “ces bouteilles ont dû être récupérées dans des décharges publiques” pour servir ensuite d'emballage. Jamais une prise d'une telle importance n'a été réalisée par les services des douanes, relève-t-on. Il s'agit là d'un cas de fausse déclaration aggravée aussi du délit pénal, la marchandise étant impropre à la consommation. Le rapport d'analyse indique aussi que le degré d'alcool prélevé reste insuffisant et hors normes. Il faut savoir aussi, indique notre interlocuteur, que ces conteneurs sont arrivés le 31 mai dernier à bord du cargo Sadan Bayraktar et aucune déclaration ou autre formalité de dédouanement n'a été introduite. Ce qui plaide en faveur d'une tentative de faire sortir les conteneurs par la voie professionnelle des contrebandiers. Toute l'importation devait rester anonyme. M. Benamar dira : “L'importateur, selon les premiers éléments de l'enquête, a sûrement utilisé un prête-nom, mais nous sommes déterminés à l'identifier.” La stratégie est simple pour ce courant de fraude. Elle consiste à abandonner les conteneurs et à ne point introduire de déclaration. Probablement avec des complicités inéluctables, le contrebandier choisira le moment propice pour faire sortir ses marchandises. Dans ce cas précis, ce “puissant” contrebandier a dû savoir que ses conteneurs étaient surveillés puisque, selon le responsable des douanes d'Alger port, “ils étaient ciblés depuis 2 mois déjà”. L'investigation a commencé, explique-t-il, après expiration des délais réglementaires de 4 mois et 21 jours au terme desquels toute marchandise abandonnée au port est appelée à être transférée vers les entrepôts des douanes. Or, précise M. Regue, “on a attendu que l'opérateur se manifeste pour introduire sa déclaration”, afin de le piéger probablement. Vraisemblablement professionnel par prudence ou encore ayant flairé la manœuvre, le contrebandier a préféré abandonner sa marchandise et espère rester anonyme. Ce n'est donc que dans la soirée de ce samedi que les 21 conteneurs ont été ouverts. Il reste encore 29 autres à localiser dans l'enceinte portuaire et qui sont soupçonnés de contenir des produits prohibés destinés à la contrebande, souligne M. Benamar Regue. Ce dernier relève : “Ce sont là les résultats de la réorganisation tous azimuts des services douaniers du port décidée par le directeur général.” Tout est parti donc sur la base du nouveau programme d'action recommandé par la direction générale, préconisant le contrôle documentaire, régulièrement opéré. Sur le manifeste du cargo du 31 mai, il est indiqué 46 containers appartenant à ce contrebandier. Et c'est cette logique de confrontation des documents d'entrée de marchandises, en l'absence de toute déclaration, qui a permis à l'inspection divisionnaire d'Alger port de “casser là un puissant courant de fraude”. À titre de rappel, les douanes d'Alger port ont connu, ces derniers mois, de grands changements tant humains que matériels et ce, pratiquement depuis juin dernier. A. W.