Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu se réuniront demain à Berlin (Allemagne) pour discuter de la situation en Libye et du règlement de la crise politico-sécuritaire qui secoue ce pays voisin depuis février 2011. L'Algérie y est conviée pour assister, en tant qu'observatrice, aux discussions qui interviennent parallèlement aux différents processus de dialogue interlibyen qui se tiennent à Alger, à Skhirat (Maroc) et au Caire (Egypte). Mais cette voie diplomatique, défendue par l'Algérie et fortement soutenue par les puissances occidentales, demeure fragile au vu de l'avancée constante des éléments de la branche locale de l'Etat islamique, notamment vers l'Ouest libyen. Après l'Espagne qui a ouvertement proposé d'intervenir en Libye, dans le cadre de la coalition internationale contre Daech, des informations font état de l'intention des Etats-Unis de recourir à la force armée dans ce pays. Washington compterait agir militairement en Libye, en raison d'une éventuelle chute des sites de production pétrolière entre les mains de cette organisation terroriste, ont expliqué des sources diplomatiques au quotidien tunisien al-Chourouk. La branche libyenne de l'EI contrôle déjà Darna et une grande partie de Syrte, et cherche à s'implanter progressivement à Misrata. L'objectif de Daech étant de prendre le contrôle de la partie nord-ouest de la Libye, ce qui constitue une menace directe pour la Tunisie, mais également pour l'Algérie. Ainsi, et selon la presse tunisienne, Tunis pourrait accélérer ses démarches pour rendre effectif son statut d'"allié non-membre de l'Organisation du traité de l'alliance atlantique (Otan)", car elle entendrait jouer un rôle-clé dans la lutte contre cette organisation terroriste qui s'approche de ses frontières. L'obtention de ce statut permettrait, en effet, à la Tunisie d'obtenir de nombreux privilèges auprès de l'Otan. Le contexte politico-sécuritaire et socioéconomique actuel à Tunis poussera inévitablement le gouvernement de Béji Caïd Essebsi à accepter l'offre américaine de Barack Obama de faire de la Tunisie un allié non-membre de l'Otan. Invité au Sommet du G7, qui se tient à Berlin, le président tunisien s'est opposé à toute intervention militaire en Libye. Mais l'évolution de la situation sur le terrain présage du contraire de la volonté collective et d'Essebsi de favoriser le dialogue. Jusqu'à l'heure actuelle, le dialogue interlibyen, amorcé en janvier dernier, sous l'égide de l'Onu, commence à offrir un brin d'espoir pour une sortie de crise pacifique en Libye. Mais la nouvelle donne sécuritaire en Libye, c'est-à-dire Daech, contrarie tous les espoirs d'une paix négociée par la voie diplomatique. En cela, qualifier la rencontre de Skhirat, réunissant depuis hier les deux gouvernements libyens parallèles, de "pourparlers décisifs" n'est pas du tout exagéré. Les Libyens sont condamnés à s'entendre pour pouvoir faire face à la menace Daech dans leur propre pays. Sans une solution politique rapide, Daech aura toute la latitude à étendre son territoire dans ce pays, devenu également une véritable passoire pour les migrants clandestins vers l'Europe. L'ouverture d'une autre parenthèse militaire en Libye reste plausible. Sauf si les Libyens s'entendent sur la formation d'un gouvernement d'union nationale à Tripoli et que les milices déposeraient les armes et se fondraient dans l'armée libyenne pour couper l'herbe sous les pieds de l'EI.