La lettre envoyée par le chef d'état-major de l'ANP à Amar Saâdani ne cesse de susciter des réactions. Pour le parti de Mohamed Saïd, elle suscite des interrogations légitimes. Il a rappelé, dans une déclaration rendue publique, qu'il n'est pas "dans les traditions de l'institution militaire depuis l'Indépendance de féliciter publiquement et de manière aussi ostentatoire un responsable de parti ou de l'Etat ..." Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) a ajouté que, dans le cas présent, la lettre "dépasse le simple cadre protocolaire pour être un message politique contenant une position et dictant une orientation". Il a encore rappelé que le commandement de l'armée n'a jamais cautionné "publiquement" la position d'un parti politique ou déterminé "son poids parmi les autres formations politiques". Il précise qu'en plus de tout cela, "il est de notoriété publique que la méthode d'organisation des élections, à ce jour, n'a jamais fait l'unanimité de la classe politique" et "ne permet donc, en aucun cas, de déterminer le poids réel de chaque formation". Sur un autre registre, le PLJ dénonce le fait que le message définit "publiquement" un objectif pour un parti politique. Cette attitude "inédite", poursuit le PLJ, "est en contradiction totale avec l'une des missions de l'armée, à savoir la défense et la préservation de la stabilité de la nation". Le parti de Mohamed Saïd s'interroge, par ailleurs, sur la manière avec laquelle "l'engagement en faveur d'une formation politique pourrait-il garantir cette stabilité ?" Pour cette formation, le contraire ne serait-il pas plutôt vrai ? Le PLJ estime que l'implication de l'armée dans une polémique interne à un parti politique ou dans un jeu de tous ceux qui, au sein du pouvoir ou dans son environnement immédiat, "s'activent à se positionner pour l'après-4e mandat". Cela, considère le PLJ, "ne favorise pas le renforcement de la cohésion nationale pour faire face aux défis internes et externes". Il explique que "cette implication (...) constituera une nouvelle source de complication d'une situation déjà tendue et menacerait la préservation d'un consensus indispensable sur le rôle de l'institution militaire dans la construction de l'Etat de droit souhaité". "La position du vice-ministre de la Défense ne facilite guère la recherche de solutions consensuelles aux problèmes du pays", ajoute encore le PLJ, soulignant qu'elle ne s'inscrit pas dans le sens "du changement pacifique qu'impose l'évolution de la société". Il en appelle à l'armée "à rester au-dessus des partis politiques" et à respecter "ses missions constitutionnelles qui doivent demeurer au besoin le recours de tous". M.M.