La deuxième soirée de la 9e édition du Festival national de la musique diwane de Béchar a vu l'entrée en compétition de trois troupes, dont l'une d'entre elles s'est révélée être un concurrent très sérieux. En deuxième partie de soirée, c'est le groupe Saharienne Béchar qui a fait danser le public, en proposant un répertoire constitué principalement de reprises. Un show durant lequel nous avons vu beaucoup d'instruments et écouté peu de nuances. Le public du stade Ennasr de Béchar, beaucoup plus nombreux que lors de la première soirée, a vu défiler, avant-hier soir, trois formations qui pratiquent la musique diwane, et ce, lors de la deuxième soirée de la 9e édition du Festival national de la musique diwane, qui se poursuivra jusqu'au 13 juin prochain. Cette partie consacrée à la compétition a permis de voir trois groupes qui sont en fait dans trois niveaux de maîtrise : si certains ont été lumineux, d'autres ont été impeccables, ou tout simplement moins bons. Pratiquant un diwane d'un genre particulier, Banga Nass El-Wahat de Ouargla a inauguré la soirée, en présentant notamment un bordj en Chleuh, la langue amazighe utilisée par Nass Chleuh à Ouargla (dans le vieux Ksar), intitulé El Âaliyou Allah. L'autre particularité du groupe, créé en 2004 pour faire revivre le style banga, encore pratiqué aujourd'hui lors de ziyara avec deux tbels, une derkouba et des karkabou, est l'intégration ou la réutilisation du guembri. "Avant, le guembri était utilisé lors de la pratique du style Diwane Banga, mais il a disparu avec le temps. On a souhaité donc le réintroduire", a souligné le président et koyo bongo (chanteur) de la troupe Nass El Wahat. Proposant un répertoire aussi bien tamazight qu'en arabe, la formation a dispensé une belle performance, où tous les ingrédients d'un bon spectacle étaient réunis : le bon son, le mouvement et les couleurs. Une prestation donc beaucoup plus réussie que celle de la troupe qui lui a succédé, Diwan Gnawa de Blida. Créée en 1997 et menée par Mohamed Bahaz, qui manie avec talent le tbel, la troupe a connu des moments difficiles, liés notamment à la justesse dans le chant. La formation Ouled Sidi-Blal de Tindouf, déjà lauréate de la troisième place en 2011 dans ce même festival, a créé la surprise, en présentant un spectacle parfaitement bien construit et réfléchi. La superbe voix du maâlem Smaïl et sa parfaite maîtrise de l'instrument, la justesse du chant de la chorale et du jeu aux Karkabous, et l'intelligence dans le choix et l'agencement des morceaux, sont autant d'éléments qui ont permis à la troupe de s'illustrer. Ont-ils conquis le jury ? La réponse le 13 juin prochain... mais en tout cas, le public a été largement séduit par la prestation, entamée par Rassoul Allah, un bordj diwane, suivie d'un Tarh Gnaoua, à savoir Mimouna. Créé en 2010 dans une région où le diwane n'existe pas, le groupe Ouled Sidi-Blal a commencé par les tbels et les karkabous, avant d'intégrer plus tard le guembri. À présent, ses membres réfléchissent "à faire de la fusion et à ajouter d'autres instruments, comme la guitare ou la guitare électrique", nous explique Mustapha Bousbie, membre de ce groupe plein de promesses. Se produisant en dehors de la compétition du festival, Saharienne Béchar a proposé un spectacle construit principalement sur les reprises et sur le répertoire gnaoua. Le groupe, qui a connu l'adhésion du public, est constitué de nombreux musiciens qui jouent de plusieurs instruments, mais le son global ne laisse entrevoir ni évolution ni nuances dans le son. Un spectacle tout en puissance, avec une très belle énergie, mais qui a manqué de subtilité tout de même. S. K.