Comme chaque fois qu'il se produit à Béchar, le groupe Essed de Kenadsa a réussi à attirer un nombreux public au stade Ennasr, lors de l'avant-dernière soirée de la 9e édition du Festival national de la musique diwane de Béchar, qui devait prendre fin, hier soir, avec l'annonce du palmarès. Menée par le charismatique Lahcène Bastam, la formation a repris les plus beaux titres qui constituent son répertoire, créant ainsi une ambiance des plus survoltées. Une musique dansante et des textes particulièrement engagés constituent l'univers du groupe Essed. Auparavant, cette soirée a été marquée par l'entrée en lice des deux dernières troupes dans la compétition du Festival. Sidi Blal de Béchar a inauguré la soirée, en entamant son tour de chant par des tbels où quelques-uns des morceaux du répertoire des Migzawa ont été présentés. La troupe a tout de même créé la surprise en faisant monter sur scène un vrai lapin, une manière d'exprimer par un jeu de scène le contenu du chant. Cette proposition peut être considérée comme une manière de "normaliser" le rituel et de "présenter le diwan tel qu'il est" ; d'un autre côté, il y en a qui pensent que dans l'espace scénique, il faut laisser la place à l'artistique. Sidi Blal de Béchar interprètera ensuite au guembri, quelques bradjs, avant de céder la scène à la troupe El-Houda de Tlemcen, qui a été peu convaincante. Le manque d'expérience des membres de la troupe, le jeu moyen sur le guembri, le manque de maîtrise du chant sont quelques éléments qui ont faussé cette prestation. Même si la soirée a été, dans sa globalité, largement intéressante, le meilleur moment est sans conteste l'entrée en scène de aâmi Brahim, doyen des Ouled Diwane à Béchar. Mqedem (chef spirituel) et maâlem, âami Brahim, a interprété au guembri Zid Lyoum. Il était accompagné par un groupe d'enfants, ayant participé à une master-class qu'il avait encadrée, qui manient parfaitement le jeu sur les karkabous et les danses koyo. Il offrira son instrument à un des membres de la troupe, un garçon talentueux et plein de promesses. Un geste hautement symbolique, une manière de maintenir le lien entre les générations : le cheikh transmet le guembri mais également le legs à la jeune génération. Une autre manière d'envisager la relève dans le diwane. Car plutôt que de parler de modernisation –sans doute le mot le plus utilisé dans cette édition, lors des conférences et des ateliers–, il serait peut-être intéressant de saisir le point de vue des enfants qui ont un rapport décomplexé au diwan et ne peuvent l'envisager que musicalement, et de les encourager en les formant. De notre envoyée spéciale à Béchar : S. K.