"Sans la participation effective de tous les professionnels du bâtiment, les programmes ambitieux de logements projetés par le gouvernement subiront d'énormes contraintes dans leur mise en œuvre." C'est la conclusion à laquelle sont arrivés les architectes adhérents du Cnea Collège national des experts architectes (Cnea). Pour ces spécialistes, la volonté politique et les budgets élevés dégagés ne suffisent pas à eux seuls. "Les solutions pour la réalisation de ces chantiers doivent être techniques avant tout", estiment-ils. Les architectes appellent à "une coordination de toutes les synergies nécessaire dans le cadre d'une stratégie rigoureuse préalablement élaborée avec la participation de tous les intervenants". Une construction est, selon eux, un produit de qualité qui doit être livré par des techniciens qualifiés et compétents. Une charte doit être établie pour y définir les modalités pratiques à même de garantir un meilleur cadre bâti et préserver ainsi des vies humaines devant l'aléa sismique. Les métiers d'architecte, d'ingénieur et de géomètre expert garantissent la qualité du bâti, ainsi que la créativité et la sécurité. Tout acte de bâtir, qui doit être au préalable mûri, doit être l'œuvre de techniciens et professionnels durant toutes les étapes, c'est-à-dire du choix du terrain à l'étude technique, en passant par le suivi et le contrôle des travaux. "Le risque sismique n'est encore pas pris en compte dans certains cas, malgré les douloureuses expériences qu'a vécues le pays", constatent-ils. L'on continue à construire, relèvent-ils, dans la précipitation sur des sites géologiquement non recommandés et, dans certains cas, sur des oueds, comme c'est le cas à Chéraga, Ghardaïa... "Même le cas de la Grande mosquée d'Alger a été cité par des experts qui considèrent le site non approprié vu sa proximité immédiate d'oued El-Harrach", avertit Abdelhamid Boudsaoud, président du Cnea. L'autre preuve avancée par cet expert a trait aux nombreuses victimes du séisme de Boumerdès occupant des lotissements neufs qui ont cédé à cause de la fragilité du sol. "On ne doit plus implanter unilatéralement des projets à des coûts faramineux sur simple décision politique", indique- t-il. Autrement dit, le choix du terrain est très important. Outre l'étude de sol, le premier responsable doit être le géomètre-expert. D'où, la nécessité de doter toutes les communes de compétences techniques. Car, tel que l'explique M. Boudaoud, la topographie est la science de base dans le domaine de la construction. Le géomètre initie également le plan d'urbanisme dans le cadre de l'application du Pdau et du POS. Ces actions doivent être menées en étroite collaboration avec l'ingénieur et l'architecte en charge du suivi et du contrôle. "Cette rigueur aboutira à des économies financières palpables et à la réduction des délais de construction", avoue le président du Cnea. Par ailleurs, la société civile doit être associée pleinement pour une meilleure qualité de vie. Chaque citoyen doit apprendre à aimer son quartier, sa commune et sa ville. "Malheureusement, et malgré les sommes colossales dépensées dans la construction, le citoyen se retrouve sans chaussées ou trottoirs convenables..., pour ne citer que cette anomalie", déplore-t-il. Dans le souci de freiner le spectre des constructions inachevées, les APC, suggère-t-il, gagneraient à exiger à l'avenir de tout postulant à un permis de construire, un portefeuille financier suffisant ou une garantie bancaire pour entamer réellement et achever sa construction dans les délais. B. K.