L'affaire cacherait des non-dits et des zones d'ombre que les responsables de la compagnie préfèrent taire à présent. Selon des indiscrétions, la compagnie serait victime de ses concurrents directs. Le carferry grec, "Elyros", affrété par l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), qui a été bloqué à Marseille pendant quatre jours (du 27 juin au 1er juillet derniers), a accosté hier au port d'Alger. L'immobilisation du navire au port de Marseille avait été officiellement décidée par la Société des certifications, laquelle évoquait l'argument de la non-conformité de l'"Elyros", qui ne le qualifiait pas à naviguer en Méditerranée. Selon cet organisme international, le navire grec affrété par l'ENTMV serait conçu pour naviguer seulement dans les zones maritimes où les vagues ne dépassent pas 2 à 3 mètres de hauteur, comme les îles Baltiques, alors qu'au large de la Méditerranée la hauteur des vagues dépasse les 5 mètres. Mais après une contre-expertise, l'argument a été vite retiré et les amarres de l'"Elyros" levées. L'affaire cacherait des non-dits et des zones d'ombre que les responsables de la compagnie préfèrent taire à présent. Selon des indiscrétions, la compagnie serait victime de ses concurrents directs dont l'objectif est de nuire à son image et par ricochet, la supplanter sur le marché méditerranéen visiblement très porteur. Victime de ce préjudice induit par ce blocage pour le moins incompréhensible, la direction de la compagnie nationale revendique réparation. "Alors que nous avons adressé des courriers aux organismes concernés, nous réclamons auprès de l'armateur d'indemniser l'entreprise après le préjudice qu'elle vient de subir", nous a indiqué Ahcène Graïria, en marge d'une "cérémonie d'accueil" des passagers de l'"Elyros", à laquelle étaient conviés, hier, les médias pour découvrir le bateau grec qui a fait couler beaucoup d'encre pendant que son ancre était bloquée au port de Marseille. Arrivé vers 13h au port d'Alger, le car-ferry transportait quelque 400 passagers. Le témoignage de ces derniers est plus que positif. "On dirait une véritable croisière", s'est exalté S. Yacine, un habitué de cette navette durant plus de 15 ans, pour qui l'"Elyros" n'aurait rien à envier à un paquebot croisiériste. L'allusion est faite aux installations "aux normes" du navire, ainsi qu'au service "correct" assuré par l'équipage grec, épaulé par une équipe restreinte d'employés de l'ENTMV. L'"Elyros" a été construit en 1998, pour l'armateur grec Aneklines, par le leader japonais Mitsui et a été rénové en 2007. Le bateau grec affrété par l'ENTMV offre un confort largement acceptable à ses passagers. Des escaliers mécaniques menant vers la réception et aux différentes terrasses et autres espaces aménagés, des fauteuils en classe économique aux somptueuses suites, en passant par le restaurant aux généreux hublots offrent une vue sur la grande bleue, l'"Elyros" est un bateau de voyageurs pour le moins clean, spacieux et surtout très convivial. Sa capacité est de 1 600 passagers et 660 véhicules. Il est affrété par l'ENTMV du 23 juin dernier au 23 septembre prochain. Il assure les navettes Alger-Marseille-Oran-Alicante. Affectés sur les mêmes lignes, les trois car-ferries de l'ENTMV, en l'occurrence "Tarik Ibn Ziyad", "El-Djazaïr" et "Tassili" offrent, quant à eux, une capacité de transport maritime de 3 951 passagers et 1046 véhicules. En prévision de cette saison estivale, la direction de la compagnie maritime table sur un taux de remplissage moyen de 70%. Pour l'avenir, l'ENTMV mise sur l'acquisition prochaine de deux "gros porteurs", mais dont la date de réception reste encore inconnue. F .A.