La ligne de conduite de l'Algérie demeure celle de l'encouragement du dialogue politique inclusif, aussi bien en Libye que dans les autres pays de la région en crise. L'Algérie a soutenu la mise en place d'une stratégie urgente pour lutter contre l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique en Libye, à l'issue de la réunion d'urgence de la Ligue arabe au Caire, tenue mardi. Mais la délégation algérienne qui a participé aux travaux de l'organisation panarabe a posé ses conditions avant de valider le contenu de la déclaration finale qui a sanctionné les travaux de la réunion du Caire. Pour valider le quatrième point de la déclaration du Caire, dans lequel la Ligue arabe "confirme que le besoin est devenu plus urgent, dans ces circonstances difficiles, à accélérer le développement de Stratégie arabe pour aider la Libye militairement à lutter contre le terrorisme de Daech et son expansion à travers son territoire", l'Algérie a émis quelques réserves de nature à assurer plus de clarté dans l'action des Etats arabes et à éviter que la situation ne s'aggrave davantage dans ce pays. En effet, comme le précise une note de bas de page de ladite déclaration finale, l'Algérie a expliqué qu'aucune action militaire arabe ne devrait être envisagée en dehors du cadre du dialogue interlibyen, dont le prochain round aura lieu demain à Skhirat, au Maroc, entre les représentants du gouvernement parallèle de Tripoli (non reconnu) et l'envoyé spécial de l'Onu en Libye, le diplomate espagnol Bernardino Leon. "Du point de vue de la délégation algérienne, le paragraphe n°4 de la déclaration s'inscrit dans le cadre du processus politique, en cours, et constitue une partie de la solution à la crise, telle que voulue par la communauté internationale." Pour Alger, "le processus politique demeure le seul moyen de résoudre la crise libyenne, et ce, à travers un dialogue sans exclusive, devant aboutir à la formation d'un gouvernement d'union nationale", dans les meilleurs délais, pour éviter à ce pays un scénario à la syrienne ou à l'irakienne. Le gouvernement d'union nationale devrait, selon les explications de la délégation algérienne, être la seule autorité légitime à même de relever le défi sécuritaire face à l'expansion de l'organisation terroriste qui contrôle, actuellement, la ville de Syrte (nord) et face à laquelle le gouvernement reconnu de Tobrouk a avoué son impuissance. Ce pourquoi d'ailleurs son dirigeant, le Premier ministre Abdallah al-Theni, a demandé aux pays arabes de mener des frappes à Syrte, afin de venir à bout de cette organisation terroriste. Pour l'Algérie qui priviligie la voie diplomatique, il n'est pas question que l'aide militaire arabe se fasse à n'importe quel prix et dans la précipitation. Seul le gouvernement d'union nationale a l'aptitude d'exercer ce rôle, avec une armée souveraine, et de contribuer efficacement à la lutte contre le terrorisme. Sans cela, la Libye ne pourra donc pas obtenir le soutien, la sécurité et l'assistance militaire nécessaires. Autrement dit, les Libyens sont condamnés à s'entendre avant qu'il ne soit trop tard. L. M.