L'“émir” de la phalange Essouna et 28 de ses hommes, qui écumaient les maquis des Babors jusqu'à octobre 2003, date de leur arrestation par les éléments de l'ANP, ont défilé durant toute la journée de mercredi dernier devant la chambre criminelle de la cour de Constantine. Le procès a duré plus de 24 heures. La séance ouverte mercredi dernier à 10h n'a été levée que jeudi en fin de matinée avec la lecture des jugements prononcés. L'ex-“émir” de la phalange A. M., alias Youcef Abou Abderahmane, et son assistant ont été condamnés chacun à la peine capitale. Deux autres terroristes ont écopé chacun d'une peine de prison à perpétuité. Le même tribunal a prononcé des peines de 15 ans de prison ferme à l'encontre de 16 terroristes et 10 ans fermes pour 4 autres. Enfin, 5 présumés terroristes ont été acquittés. Pour rappel, la phalange Essouna avait son QG dans les maquis des Babors et écumait les territoires de trois wilayas, Sétif, Jijel et Béjaïa. C'est l'un des premiers maquis terroristes constitués en 1994. Après l'entrée des chefs de l'ex-AIS en contact avec les autorités la veille de l'autodissolution du bras armé de l'ex-FIS, les responsables du groupe des Babors finiront par rejoindre le GSPC. Dès l'été 2003, suite à des informations concordantes, les forces de sécurité ont réussi à localiser l'un des plus vieux et importants maquis terroristes par sa situation géographique et sa dimension sociale. Octobre 2003, après un siège de 23 jours, les hommes du général major Saïd Bey et du général Amar, à l'époque à la tête de la 5e Région militaire, finiront par démanteler ce maquis en liquidant 10 terroristes, en capturant 29 autres, dont l'“émir” Youcef Abou Abderrahmane, et enfin en libérant 25 femmes et 81 enfants. Seuls 10 terroristes ont pu passer à travers les mailles de l'ANP pour continuer leur errance. Invités sur le terrain des opérations au lendemain de cette action d'envergure, les journalistes, et à travers eux l'opinion nationale et internationale, seront témoins de véritables séquelles sociales et psychologiques provoquées par le terrorisme. Nos lecteurs se souviennent certainement de l'enfant “Maâd”, qualifiant tous ceux qui n'étaient pas dans le maquis avec son père de “taghout”. Ainsi, 25 femmes et 81 enfants vivaient avec leurs bourreaux d'époux, de pères et de “concubins à la zaouadj el-moutaâ” dans une véritable mini-société, en marge de la République, avec des règles codifiées par des analphabètes et en opposition parfois même avec les valeurs humaines les plus élémentaires. Enfin, côté procédures, les ex-éléments de la défunte phalange Essouna étaient poursuivis pour plusieurs chefs d'accusation, dont ceux d'assassinat et de destruction de biens publics. Lors des audiences, l'ex-“émir” a reconnu son implication directe dans l'assassinat d'un président d'APC. M. K.