Le patron de NCA Rouiba se demande pourquoi la circulaire d'août 2013, adressée par le Premier ministre à tous les membres du gouvernement, est restée lettre morte ? "On ne cesse de le marteler depuis des années ! L'acte d'investir est fortement handicapé par divers verrous clairement identifiés et qui, à ce jour, n'ont pas encore été levés", souligne Slim Othmani, président du conseil d'administration de NCA Rouiba dans un entretien à la dernière édition de la newsletter du groupe de la Banque Mondiale, La lettre d'Al Djazaïr. M. Othmani estime que l'ingéniosité bureaucratique a été portée à son paroxysme avec le fameux "accord du CNI" consacrant la centralisation à outrance et la non-liberté dans l'acte d'investir. "N'était-ce pas plus simple de lister les secteurs d'activité interdits à l'investissement ?" s'interroge le patron de NCA Rouiba qui estime que l'Algérie aurait pu être outillée pour promouvoir et diversifier ses exportations. Il en veut pour preuve la circulaire d'août 2013, adressée par le Premier ministre à tous les membres du gouvernement. "Elle mérite qu'on la rappelle et que l'on nous explique pourquoi elle est restée lettre morte alors qu'elle portait en elle les prémices d'un autre cadre entrepreneurial propice à la diversification et à l'exportation. Les raisons de la non-application de cette circulaire pourraient être riches en explications sur la situation statique de notre économie. Trop centralisée, trop bureaucratisée et surtout trop étatisée et habitée par une culture de la paranoïa, c'est d'une profonde réforme des mentalités dont nous avons besoin", indique M. Othmani. Le président du think tank Care se dit parfois "attristé d'observer que nos dirigeants n'ont jamais honoré un chef d'entreprise algérien". La question de la place du secteur privé et, en conséquence, du rôle de l'Etat dans la sphère économique est, à ses yeux, "la ligne de crête à franchir pour bâtir la nouvelle économie algérienne que nous appelons de nos vœux : plus compétitive, plus diversifiée et plus efficace". M. Othmani estime que "le prérequis, à savoir la volonté politique d'attirer les IDE" n'est pas au rendez-vous. L'économie algérienne, relève-t-il, a été et reste entièrement organisée autour de la gestion d'un secteur pétrolier prédominant. "Il est fort probable que cette position évolue, si les prix du pétrole se maintiennent longtemps encore à leur position baissière actuelle", estime M. Othmani qui revient, également, sur les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire 2015 (LFC). "Au lieu de se confiner à craindre l'explosion sociale, il nous paraît impératif d'engager sans délai une large opération de communication qui permettrait de diffuser auprès du plus grand nombre, et en particulier auprès des catégories sociales les plus exposées, pourquoi les réformes sont nécessaires pour la survie de notre nation et de son économie. Sentiment d'urgence, intelligence stratégique, bonne gouvernance, transparence dans la communication et participation de tous les acteurs de la société civile seront les facteurs clés de succès d'une transition ‘pacifique' vers un autre modèle socio-économique dans le respect de la Constitution et des valeurs nationales", plaide M. Othmani.