La question est de savoir pourquoi l'Exécutif a pris le risque de s'exposer au désaveu de l'Assemblée nationale pour ensuite revenir à l'oukase, synonyme d'autoritarisme et portant nécessairement la marque d'une dévalorisation institutionnelle. Un constitutionnaliste qui n'aurait qu'une connaissance théorique du régime politique algérien se ferait immanquablement prendre les pieds dans le tapis d'une pratique iconoclaste dans son apparence. Mais dans son apparence seulement, car nos politiques, à quelque bord qu'ils appartiennent, s'accommodent depuis fort longtemps des exercices en trompe-l'œil et des faux-semblants. Prenons le dernier exemple en date qui, sous d'autres cieux, aurait provoqué une grave crise politique. Passant outre le refus des députés d'avaliser des augmentations de prix (ceux du gasoil) prévues par le projet de loi de finances, le gouvernement opte “souverainement” pour le recours au décret exécutif pour faire passer, sans autre forme de procédure, son projet. La question, ici, ne porte pas sur les prérogatives du gouvernement, bien réelles et dont il peut faire usage, y compris pour des augmentations ou “ajustements” des prix de certains produits. Elle (la question ) est de savoir pourquoi l'Exécutif a pris le risque de s'exposer au désaveu de l'Assemblée nationale pour ensuite revenir à l'oukase, synonyme d'autoritarisme et portant nécessairement la marque d'une dévalorisation institutionnelle. Encore que parler de risque est trop dire dès lors que les premiers concernés, en l'occurrence les députés, à part quelques protestations de forme très limitées, ne se sentent pas atteints dans leur dignité parlementaire. Alors que se clôture aujourd'hui la session d'automne de la Première chambre, c'est tout juste si on peut s'autoriser à parler d'un petit camouflet infligé par le président de la République, son Chef de gouvernement et son ministre des Finances notamment, à des députés qui ont cédé à la tentation du gain populiste. Donc, même pas une leçon à en tirer. Quant à parler de crise… on eût aimé seulement qu'elle pointât dans l'enceinte parlementaire pour donner un peu d'entrain à une vie politique engourdie. Ainsi fonctionne le système, ainsi va le régime. Quand la majorité parlementaire n'arrive pas à se souder autour de l'Exécutif, ce dernier n'est pas pris de panique et ne va surtout pas chercher à tirer les conséquences extrêmes. Cela ressemble beaucoup à un jeu de pousse-ballon où chacun fait comme si… A. H.