Prises de court, les puissances occidentales continuent d'accuser la Russie de viser les fiefs de l'opposition à Bachar al-Assad et des civils. "Des balivernes", a répondu Moscou. Les Etats-Unis et leurs alliés européens n'ont toujours pas digéré l'entrée en jeu de la Russie dans la guerre en Syrie, alors que Moscou envisage déjà d'étendre ses frappes à l'Irak, où l'organisation autoproclamée Etat islamique contrôle depuis juin 2014 une large partie dans le nord de ce pays. Depuis mercredi, l'aviation russe mène des frappes aériennes en Syrie, à la demande du président syrien Bachar al-Assad. De Lattaquié, la ville côtière du Nord-Ouest où elle dispose d'une base militaire, à Homs, en passant par Raqaâ, l'armée russe a affirmé avoir tué plusieurs éléments de Daech et détruit plusieurs dépôts d'armes et de munitions. Accusé de toutes parts d'avoir touché des civils et de tentative de sauver le régime de Damas, en visant les positions de l'armée syrienne libre (ASL, opposition armée), Moscou a répliqué hier en déclarant, via un porte-parole de son ministère de la Défense, qu'il s'agissait de "balivernes", lit-on sur les médias russes. "Ces pseudo-scoops sont absolument absurdes et n'ont aucun fondement réel. J'attire votre attention sur le fait que ces provocations qui émergent aujourd'hui ont été fabriquées de toutes pièces bien avant le début de l'opération", a dénoncé Igor Konachenkov, lors d'un point de presse à Moscou, a rapporté Ria Novosti, l'agence de presse russe. "Nous demandons instamment à la Fédération de Russie de mettre immédiatement fin à ses attaques contre l'opposition et la population civile syriennes et de concentrer ses efforts sur le combat contre Daech", indiquent sept pays de la coalition (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Qatar, Arabie saoudite et Turquie) dans une déclaration commune. "Ces opérations militaires constituent une nouvelle escalade et ne feront qu'attiser l'extrémisme et la radicalisation", ajoute le texte publié sur le site Internet des ministères des Affaires étrangères de plusieurs pays signataires, dont la Turquie, a repris l'APS. Faisant fi de toutes ces accusations, la Russie a annoncé hier son intention d'élargir son champ d'action à l'Irak voisin, bastion de l'Etat islamique et où il a autoproclamé, fin juin 2014, la création de son califat. "Soit nous avons une demande appropriée du gouvernement irakien, soit une résolution du Conseil de sécurité, dont l'adoption dépend de la volonté du gouvernement irakien" pour mener des frappes en Irak, a déclaré hier matin Ilya Rogatchev, un responsable au ministère russe des Affaires étrangères, cité par Ria Novosti. Jeudi, le Premier ministre irakien a évoqué cette éventualité, dans un entretien accordé à la chaîne d'information continue hexagonale France 24. "Vladimir Poutine m'a dit que la Russie luttait contre l'EI (Daech, ndlr) en Syrie et je le crois. Je suis favorable aux frappes aériennes russes contre Daech en Irak", a indiqué Haidar al-Abadi. Le chef suprême des chiites irakiens, l'ayatollah Ali al-Sistani a appelé ouvertement Moscou à intervenir en Irak, ce qui mettra dans un véritable embarras les Etats-Unis et leurs alliés dans la région, à commencer par les monarchies du Golfe, l'ennemi juré de Téhéran qu'elles accusent de soutien au régime de Damas et de déstabiliser leurs pays, comme cela est le cas au Yémen et au Bahreïn où vit une importante communauté chiite. En réponse aux frappes russes en Syrie, les Etats-Unis seraient sur le point de mettre sur pied une nouvelle stratégie. Parallèlement, Vladimir Poutine a rencontre ses homologues européens à Paris, à l'occasion d'un sommet sur la crise en Ukraine, pour discuter, entre autres, de la bombe syrienne. L. M.