Mercredi, alors que la journée tirait à sa fin, le général à la retraite Hocine Benhadid alerte sur la mise en détention préventive de son fils qui a été interpellé le jour même et entendu dans une affaire liée au port illégal d'une arme de poing. Une affaire dans laquelle il a été également entendu en qualité de témoin, puisque le corps de délit, l'arme en question, lui appartenait. Moins d'une heure après cette alerte, il est lui-même embarqué par les gendarmes. Présenté le lendemain devant le juge instructeur au tribunal de Chéraga, il est à son tour mis sous mandat de dépôt. Le père et le fils sont incarcérés au pénitencier d'El-Harrach. Le général Benhadid a été interpellé et mis en détention, a-t-on appris de bonne source, suite à une plainte déposée à son encontre par le ministère de la Défense nationale (MDN) pour "divulgation de secrets militaires". Une affaire qui, de toute évidence, n'est d'aucun lien avec celle qui a concerné son rejeton. Une toute autre affaire, pour être plus précis. De quoi donc a procédé cette quasi-simultanéité dans l'instruction de deux affaires que rien ne lie, hormis la parenté des deux prévenus ? Là est la question. Mais comme il est fort peu probable que ces arrestations suivies de mandats de dépôt soient un pur fruit du hasard, les conjectures ont vite germé, rendues d'ailleurs inéluctables par leur intervention dans le sillage des déclarations osées du général à l'encontre du frère cadet du président Bouteflika, du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah ainsi que du président du FCE, Ali Haddad. À mieux y regarder, c'est la nature de ces déclarations qui a sonné l'alerte au plus haut sommet de l'Etat et inspiré une réaction prompte et musclée. Surtout que, contrairement à ses diatribes de février 2014, le général Benhadid fournissait, cette fois-ci, le bon motif ou prétexte, c'est selon, pour une action en justice : un témoignage sur le conclave des "janviéristes" et d'autres indications jugées relevant du secret militaire et un fils coupable de porter sans autorisation une arme, celle du père, pour ne rien arranger. D'ailleurs, la sommation signée Ali Haddad, le "patron des patrons", était annonciatrice de la salve qui allait survenir quelques jours plus tard. En informant publiquement de sa décision d'ester en justice pour diffamation le général Benhadid, Ali Haddad commettait une première, puisqu'avant le général d'autres, des leaders partisans notamment, lui ont taillé des croupières sans qu'il se sente l'impératif de solliciter réparation auprès des tribunaux. En cela, il y avait déjà à entrevoir les prémices à des réactions plus musclées qui émaneraient d'autres bords et sphères institutionnelles. C'est au demeurant à se demander si la manière précipitée dont le général et son fils ont été placés sous mandat de dépôt ne participe pas aussi du châtiment pour l'exemple. Ancien commandant de la 8e division blindée de l'ANP, le général Benhadid a vu sa carrière militaire prendre fin en 1996, alors qu'il n'était âgé que de 52 ans. Sa retraite n'a pas été de tout repos, puisqu'il sera, accuse-t-il encore, un client des tribunaux durant deux ans. S. A. I.