Résumé : Alors qu'elle se morfondait dans sa détresse sur un banc public, Ferroudja est vite repérée par une jeune fille. Cette dernière la trouve très belle et veut connaître ses préoccupations. Une fois mise au courant, elle lui proposera son aide. Farida garde le silence un moment. La sincérité de Ferroudja l'avait touchée. Elle réfléchit rapidement, puis lance : -Pour ce soir, je pourrais te dépanner. Ferroujda lui jette un regard méfiant. -Oui, je pourrais te dépanner. J'habite dans une cité universitaire. Ma copine de chambre est absente pour quelques jours. -Mais tu ne me connais même pas Farida. Et puis, va-t-on me laisser entrer dans une cité universitaire alors que je ne suis pas étudiante ? -Mais tu passeras inaperçue ma chère. Nous sommes des centaines de filles dans cette cité, et puis tu seras avec moi. Ferroudja se met à réfléchir rapidement. Cette fille voulait l'aider. Elle n'en doutait plus. Cependant, elle hésitait encore à accepter sa proposition. -Je ne pourrais pas accepter Farida. Je ne veux pas te créer des ennuis. -Cesse donc de te lamenter. J'entame mes cours dans une heure, cela va durer jusqu'à 14h30 pour aujourd'hui. Rendez-vous ici dans ce jardin à 15h00, d'accord ? Ferroudja baisse les yeux. Elle hésite encore un moment, puis lance : -Je n'ai pas le choix. C'est d'accord Farida. Cette dernière la quitte pour prendre un bus à la station qui faisait face au jardin. Ferroujda se lève à son tour pour déambuler dans les artères de la grande ville, qu'elle connaît beaucoup mieux maintenant que lors de son arrivée dans la capitale, il y a plus de six mois. Elle fait le tour des magasins, rêve devant les bijouteries, avant de se décider en fin de matinée à aller manger dans un fast-food. Elle avait assez d'argent sur elle pour se permettre des grillades et une limonade, et s'installe à une table au fond de la grande salle. Quelques jeunes lui jetèrent des regards curieux, mais elle n'en eut cure. Plus de complexe se dit-elle, la vie ne fait pas de cadeau, et chacun doit penser à soi-même. Elle retire néanmoins son foulard, ce qui eut pour effet d'attirer les regards. Sa beauté fraîche et naturelle reprenait toujours le dessus. Elle mange avec appétit et fouine dans son sac à la recherche de son porte-monnaie. À ce moment précis, elle s'entendit dire : -Laissez mademoiselle, c'est réglé. Elle relève la tête et se retrouve devant un jeune homme qu'on prendrait facilement pour un acteur. Elle détourne son regard de lui et lance : -Merci, j'ai assez d'argent sur moi pour payer mon repas. -Ce serait un crime que de laisser une aussi belle femme payer elle-même son repas. Et puis pourquoi êtes-vous seule ? Ferroudja avale sa salive avant de répondre : -Cela ne vous regarde pas que je sache. Le jeune tire une chaise et se met en face d'elle : -Je m'appelle Lyès, et toi ? -Excusez-moi, je dois partir. Elle se lève, mais le jeune homme la retient par le bras. -Nous allons tous partir, attends un peu que je te laisse mes coordonnées au moins. Il lui tendit une carte de visite qu'elle prit sans même y jeter un coup d'œil. -Promets-moi de me contacter. -Oui, oui c'est promis. Le souffle court, elle quitte rapidement les lieux et retourne au jardin où Farida la retrouvera quelques heures plus tard.Les deux jeunes filles se rendirent donc à la cité universitaire où Ferroudja découvrira un autre monde : -C'est immense !, s'écrie t-elle. -Oui, c'est ce qu'il faut pour héberger toutes ces filles venues des quatre coins du pays. Ferroudja allait de surprise en surprise. Les grands halls, les espaces verts, les couloirs qui s'étendaient à l'infini, le tout lui paraissait extraordinaire. La petite paysanne qu'elle était ne connaissait pas encore grand-chose de la vie universitaire. (À suivre) Y. H.