La formation d'un gouvernement d'union nationale devait être concrétisée avant fin octobre dernier. Mais un accord à minima n'avait pu être signé par les parties libyennes. Alger accueillera demain la septième réunion des pays voisins de la Libye. La réunion sera présidée par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. Ce dernier s'est déjà entretenu avec les responsables diplomatiques des pays de la région, en prévision de cette rencontre qui intervient dans un contexte régional et mondial marqué par une montée de la menace terroriste de l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI/Daech) qui dispose d'une branche locale en Libye. Daech contrôle la quasi-totalité de la ville balnéaire de Syrte, depuis environ un mois. Il est également présent dans certains quartiers de Benghazi où il tente vainement depuis des mois de prendre le contrôle des principaux terminaux pétroliers. Ceci sans compter la guerre meurtrière qui l'oppose aux "Conseil des moudjahidine de Derna", dans l'est du pays, où il avait autoproclamé en 2014 la création de son califat en Afrique du Nord. La réunion de demain, à laquelle participera pour la première fois le nouvel émissaire onusien en Libye, Martin Kobler, revêt un intérêt particulier, aussi bien pour les Libyens que pour les pays voisins, qui sont directement concernés par l'inquiétante expansion de Daech dans ce pays. Si l'Algérie s'est prémunie, pour le moment, contre tout débordement terroriste de Daech sur son territoire en déployant d'importants efforts à sa frontière avec la Libye, ce n'est pas le cas en effet de la Tunisie qui vient d'être endeuillée, il y a à peine une semaine, par un attentat-suicide revendiqué par la branche tunisienne du mouvement d'Abu-Bakr al-Baghdadi. Cet attentat a fait 12 morts et une vingtaine de blessés dans les rangs de la sécurité présidentielle à Tunis. Les premiers résultats de l'enquête ont d'ailleurs révélé que l'attaque a été préparée en Libye, où le kamikaze tunisien s'était déjà rendu à l'insu des autorités tunisiennes, selon certaines sources. Ce qui a poussé les autorités tunisiennes à fermer la frontière terrestre avec la Libye pour une durée de 15 jours. Pour l'Algérie, qui défend le dialogue politique, comme "seule" option possible pour une sortie de crise en Libye, la réunion d'Alger sera l'occasion pour réitérer à ses partenaires (Tunisie, Algérie, Egypte, Soudan, Tchad, Niger) qu'"il ne saurait y avoir d'alternative à la solution politique et au dialogue entre les différentes parties libyennes", comme l'a souligné M. Messahel dans une récente intervention sur les ondes de la Chaîne 1 de la Radio nationale. Abdelkader Messahel a rappelé la nécessité de "créer un gouvernement d'union nationale composé de compétences qui seront chargées d'opérer de larges réformes dans le pays et de gérer la transition". Tout en soutenant l'Algérie dans sa ligne de défense du dialogue politique en Libye, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré toutefois, samedi, qu'il n'y avait "pas d'échéance" pour la formation d'un gouvernement d'union nationale. Tout en affirmant que "si on doit parler d'échec, c'est un échec des Libyens", Ban Ki-moon a déclaré : "Mon précédent émissaire, Bernardino Léon, avait réussi à rapprocher les parties en présence, qui étaient très proches d'un accord, mais elles n'ont pas été capables d'y parvenir." L.M.