Les récents vols de reconnaissance de l'aviation militaire française sur Syrte laissent supposer que des frappes de la coalition internationale ne sont pas à écarter, si jamais la mise en œuvre de l'accord onusien sur la formation d'un gouvernement d'Union nationale n'est pas effective. Même s'il a exclu une intervention militaire dans ce pays, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a mis en garde contre le risque d'afflux de combattants du groupe Etat islamique en Libye. Le Drian n'a pas caché son inquiétude quant à la situation prévalant en Libye, en déclarant à l'hebdomadaire Jeune Afrique dans l'édition à paraître aujourd'hui : "On voit arriver dans la région de Syrte (nord de la Libye) des jihadistes étrangers qui, si nos opérations en Syrie et en Irak parviennent à réduire la base territoriale de Daech, pourraient être demain plus nombreux." Faisant allusion aux discussions entre clans rivaux pour tenter de mettre fin à la guerre civile qui fait rage en Libye, il a estimé : "C'est un risque majeur, et c'est pour cela qu'il faut absolument que les Libyens s'entendent entre eux." Le Drian redoute l'extension de Daech vers le sud de la Libye et surtout le risque de connexion à terme avec les terroristes de Boko Haram au Nigeria. Bien qu'il ne l'ait pas évoqué, il y a surtout la possibilité de connexion avec les groupes terroristes au Mali, dont la recrudescence de l'activité ces derniers jours menace l'accord de paix conclu à Alger. Et la seule solution pour stopper cette expansion demeure, selon le ministre français de la Défense, dans un accord entre les parlements de Tripoli et Tobrouk sur la formation d'un gouvernement unique reconnu par tous. "Si l'on additionne les forces de Tripoli et les milices de Tobrouk, Daech ne fait pas le poids", a-t-il assuré, tout en appelant aussi l'Algérie et l'Egypte, deux acteurs régionaux-clés, à "se concerter" pour faire pression sur les deux parties. Ainsi, les Occidentaux s'alarment de la montée en puissance de l'organisation Etat islamique (EI) en Libye, qu'ils assimilent à une menace directe pour l'Europe et l'Afrique, mais excluent pour l'instant toute intervention tant que le chaos prévaudra dans ce pays. Il suffit de prendre connaissance de la déclaration du président du Conseil italien, Matteo Renzi, pour s'en convaincre. "La Libye risque d'être la prochaine urgence", a-t-il mis en garde quelques jours après les attentats de Paris. M.T.