L'enterrement aura lieu vendredi dans le village natal du défunt à Aït Assou, commune d'Iferhounene, à Tizi Ouzou. Le commandant Si Abdelhafid Yaha, dit Si El-Hafidh, retournera auprès des siens, dans son village natal d'Ath Assou, dans la commune d'Iferhounene (daïra d'Aïn El-Hammam), à Tizi Ouzou, vendredi. Il sera enterré dans le carré des Ath Illilten, aux côtés de ses parents et de ses frères. Un hommage lui sera rendu demain après-midi, à partir de 14h, au funérarium des Batignolles dans le 17e arrondissement à Paris. Sa dépouille sera transférée le lendemain matin à l'aéroport d'Alger par un vol régulier d'Air Algérie. Décédé dimanche à l'hôpital Bichat, à l'âge de 83 ans, des suites d'une longue maladie, Abdelhafid Yaha était un des derniers héros encore vivants de la guerre d'Indépendance. Son fils, Larbi, évoque à la fois un père et un homme historique qui a consacré sa vie entière à un double combat pour une Algérie indépendante et démocratique. "Rien ne comptait plus pour lui. Aujourd'hui, le deuil est celui de tous les Algériens avant d'être celui de sa famille", affirme Larbi, en évoquant "cet espèce d'ascétisme" qui distinguait le défunt, marqué jusqu'à ses derniers jours par les deux guerres de sa vie, celle de l'Indépendance et de 1963. "Il s'est toujours senti responsable de ses hommes et de ses compagnons et de ce qu'il leur arriva", confie son fils. Selon lui, même si Si El-Hafidh était gagné par une sorte de scepticisme face à la situation actuelle du pays, il restait convaincu de la nécessité de poursuivre la lutte démocratique afin de forcer le changement. Lui-même en a eu conscience, il y a très longtemps, lorsqu'encore adolescent, il rejoignait le combat anticolonial. Imprégné dès son jeune âge par les notions d'engagement politique et de nationalisme, Si El-Hafidh avait suivi tout naturellement la voie de son père et de ses frères tombés au champ d'honneur pendant la Révolution. Il a affuté son combat militant au sein du PPA-MTLD. En 1954, le défunt, alors âgé de 21 ans, n'a pas hésité à prendre les armes et à rejoindre l'ALN dans sa région natale. Chef de zone dans la Wilaya III historique, il avait dirigé le PC de Tizi Ouzou, ex-Wilaya III et combattu aux côtés de Mohand Oulhadj. Son chemin avait aussi croisé d'autres grandes figures de la Révolution comme Krim Belkacem, Amirouche et Larbi Ben M'hidi. Dans un livre paru en 2012, "Au cœur des maquis de Kabylie, mon combat pour l'indépendance", il avait relaté avec une grande sincérité le déroulement de la Révolution, les exploits des maquisards dont il était l'une des figures de proue, mais aussi les détails sombres de cette guerre avec son lot de règlements de comptes et de liquidations comme la Bleuite, qui l'avait révolté. Dans cet ouvrage, il y a aussi le récit douloureux des souffrances infligées aux populations par l'armée coloniale. Le commandant Si El-Hafidh avait notamment abordé le déploiement militaire en Kabylie dans le cadre de l'opération Jumelles ordonnée par le général de Gaulle. Après l'Indépendance, la confiscation du pouvoir par Ben Bella et son clan lui procure une autre douleur. Il organise en compagnie de Hocine Aït Ahmed la résistance en Kabylie et fonde avec lui le Front des forces socialistes. Contraints plus tard à l'exil, les deux hommes poursuivent des voies politiques différentes. Si El-Hafidh profite de l'ouverture politique des années 1990 pour fonder son propre parti, le Front des forces démocratiques (FDD). Il s'est consacré plus tard à la rédaction de ses mémoires. S. L.-K.