Compagnons d'armes, parents, amis et admirateurs étaient réunis en cet après-midi chaud de jeudi au club du Moudjahid pour commémorer ensemble le 40e jour du décès de Salah Boubnider. Anciennes figures du Conseil de la révolution, ex-ministres en retraite, moudjahidine et moudjahidate condamnés à mort par l'administration coloniale étaient venus malgré leur âge (certains la canne à la main) rendre un hommage au colonel Sawt El-Arab décédé le 27 mai dernier. La solennelle cérémonie a été animée par l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri. Ce dernier préférera laisser la parole aux anciens compagnons du colonel qui rappelleront tour à tour les qualités de l'homme, son intelligence, sa vision des choses, sa stratégie et son sang-froid dès que la circonstance s'annonçait grave. Ahmed Bouriche, représentant de l'ONM, mettra l'accent sur le courage et surtout la pugnacité du colonel, usant toujours de sa voix portante et déterminée qui lui valut le sobriquet non moins honorable de Sawt El-Arab. Il se distingue lors du fameux assaut du 20 août 1955 en compagnie de Zighoud Youcef, avec qui il est resté lié, même de loin, jusqu'à la mort de ce dernier. Assurant l'intérim du commandement de la Wilaya II (Nord constantinois), il gagne le respect, grâce à sa rigueur, des grands chefs de la Révolution. “Je l'ai connu en 1944 lorsque nous étions au sein de l'Organisation spéciale (OS). Abdelhamid Mehri était notre responsable. Son unique arme était son sourire qu'il arborait dans les moments les plus critiques. C'était un stratège”, dira Abdelmadjid Kahlerras. L'enfant terrible de Oued Zenati était connu pour être derrière les actes de sabotage commis dans le Nord constantinois. “C'était la seule personne qui était du côté de la légalité durant la plate-forme de Tripoli”, témoignera Mohamed-Salah Bouslama. Prenant la parole, Abdelhamid Mehri en orateur fin dira tout simplement que le colonel a donné beaucoup pour la Révolution. “Il jouissait d'une grande expérience dans le militantisme, lui qui est sorti d'une école où on manie à la fois politique et sacrifice pour la patrie. Sa stratégie a réussi à contraindre l'armée française à se disperser afin de protéger les colons et permettre ainsi le desserrement de l'étau sur les populations indigènes. Notre peuple a la culture de la résistance”, nuancera-t-il. A. F.