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Slimane Azem, le ménestrel des humbles
Il nous a quittés, il y a 33 ans
Publié dans Liberté le 03 - 02 - 2016

Slimane Azem, avec plus d'une centaine de mélodies, d'une diversité existentielle incontestable, a chanté l'identité, la patrie, l'exil et les valeurs sociales.
Il était connu pour sa contemporanéité, son éloquence, son verbiage et sa façon de faire propre à lui, atypique sûrement, unique certainement. Il demeurera perpétuellement le ménestrel des humbles, des sans-grades et des sans-voix. Slimane Azem avait indubitablement un style de vie particulier, une démarche artistique qui n'appartenait qu'à lui. Ceci étant, qu'en est-il et que restera-t-il de l'homme, de sa générosité et de son engagement citoyen, surtout de l'être qui ne cessait de vivre de façon effroyablement regrettable un épisode malheureux et abominable de son enfance? Tout pour lui était sujet à mémoriser la nature, les êtres et les objets. Durant son vivant, il était en quête de cet absolu évanescent, visuel ou pas, sa réplique à la médiocrité ambiante était son principal talent, en mouvement jamais figé. Avec lui, on est tout le temps dans le corps à corps avec le vécu quotidien servi dans la seconde qui suit, pas dans le grandiloquent ou le cérébral, ni dans la joute oratoire de l'esprit critique. Issu du village Agouni Gueghrane, sur les piémonts du Djurdjura, où il naquit en 1918, Slimane Azem coudoya très jeune les frémissements de l'exil et la nostalgie de sa Kabylie natale en atterrissant en France en 1937. L'art de composer emboîtera vite le pas à ses tourments, en chantant Amûh Amûh en 1940 avant de s'immerger de plain-pied dans la poésie et la chanson. En effet, consacrée à l'émigration, cette première chanson servira de prodrome à un riche répertoire qui s'étend sur près d'un demi-siècle. Un mémento qui incarne, par ressemblance, celui du célèbre poète Si Moh ou Mhand dont la mémorable ritournelle marqua la poésie kabyle du XIXe siècle. Un répertoire qui incarne aussi l'image de la société qu'il interprétait : celle caractérisée par une dislocation sociale illustrée par des chambardements véhiculés par l'incurie humaine et le musellement des valeurs identitaires et culturelles. Dans une thématique tant évocatrice qu'expressive, Slimane Azem, avec plus d'une centaine de mélodies, d'une diversité existentielle incontestable, a chanté l'identité, la patrie, l'exil, les valeurs sociales et ce sort qui s'est longuement acharné sur sa personne à tel point qu'il était interdit d'antenne en Algérie, cette terre qui l'a vu naître et qu'il ne pouvait revoir même à titre posthume. Dans un élan philosophique, Dda Slimane s'interrogeait perpétuellement sur le sens de la vie, sur les tourments de l'humanité mais aussi sur les pressentiments spirituels, le respect mutuel, la reconnaissance de l'autre et divers sujets consubstantiels à la vie politique. Cependant, si l'exil a, certes, fait souffrir Slimane Azem qui avait vécu l'éloignement de sa Kabylie natale tels un cauchemar et une expérience chimérique, cette situation difficile lui a tout de même inspiré les plus beaux hymnes à la patrie et des vers inégalés sur la claustration de l'émigré et les déboires auxquels il est contraint. De son exil oscillant, néanmoins concepteur d'une moralité berceuse à nulle autre pareille, Slimane Azem s'est éteint dans sa longévité créatrice d'autres âges, en perpétuelle quête d'une terre intérieure jamais fixée dans sa fécondité mélodique. Il s'est éteint un certain samedi, le 28 janvier 1983, aux aurores dans une île -l'île de la Réunion- une terre inachevée dans sa naissance, coincée par les flots, tel que vécu par Brel et Matisse dans l'autre île -les Marquises- considérée comme un paradis perdu. La fixité mélodique est, paradoxalement, le fruit de cette errance harmonieuse qui remplit l'âme meurtrie de son village Agouni Gueghrane qui n'a même pas eu la chance d'accueillir sa dépouille. Comble de l'incurie, sa tombe se trouve au cimetière de Moissac (Tarn-et-Garonne), en France. Par ailleurs, la meilleure façon de rendre hommage aujourd'hui à Dda Slimane Azem, est de nous atteler à préserver le patrimoine historique de ceux qui ont étayé la relation entre l'homme et son passé atteignant parfois les sommets de la bienfaisance morale, matérielle et spirituelle. "Hirondelle ! Etale tes ailes et fonce dans le ciel pour me ramener les nouvelles du bled", un refrain nostalgique et significatif qui retentira aujourd'hui du fond de sa tombe.
R. SALEM


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