Résumé : Enfin requinquée et plus sûre d'elle, Nawel accompagne sa sœur Salima au bled où devait se dérouler la première cérémonie de son mariage. Elle est agréablement surprise d'avoir pu conduire sans contrainte sur une longue distance, et aussi de revoir des membres de sa famille qu'elle n'avait pas revus depuis des lustres. Elle prit part au délicieux dîner préparé par sa mère, et partagé par tous les présents. L'assistance s'était non seulement régalée, mais aussi délectée des récits loufoques narrés par quelques cousins joviaux. Nawel avait pris part à toute cette hilarité, et n'avait cessé de rire de toute la soirée. En se mettant au lit, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas ri autant et de bon cœur depuis bien longtemps. Ce rire bienfaisant venait de son être tout entier. Elle l'avait ressenti comme une douche bienfaitrice qui lavait tous ses maux. Elle se laisse emporter par un repos bienfaiteur et ne se réveille que vers le milieu de la matinée du lendemain. On était à la veille de la grande fête. Tout le monde s'affairait et mettait la main aux préparatifs. On lui avait demandé d'aller faire quelques emplettes, et surtout de ramener du pain. Un boulanger du quartier proposait un pain traditionnel dont le parfum attirait les plus résistants... Elle n'hésite plus, et remplit deux grands paniers de cet aliment fort indispensable à tous les repas. Mieux encore, elle se promet de revenir, après les fêtes, pour un entretien avec ce boulanger, et même avec quelques femmes de son village qui avaient enfin renoué avec le port du haïk, ce voile traditionnel et ancestral qu'on pensait disparu à jamais... Elle avisera aussi pour reprendre certains sujets sociaux ou culturels, qui feront sûrement le bonheur des lecteurs-amateurs des "petites choses de la vie". Le cœur léger, elle revint à la maison les bras chargés. Après le déjeuner, elle aida sa sœur à se préparer pour la cérémonie du henné qui devait avoir lieur dans la soirée. La famille de Mourad n'allait pas tarder à arriver. La fête se déroulera comme dans un rêve. Salima resplendissait de beauté dans ses tenues de présentation. Nawel se surpris même à envier sa sœur pour son bonheur. Elle se mordit les lèvres, et se traite de jalouse, avec un petit rire coquin. Quoi ? Cela ne faisait pas longtemps elle n'osait même pas se rendre à une fête. Mais aujourd'hui, elle-même portait une jolie tenue de soirée et dansait au rythme incessant de l'orchestre loué pour la circonstance. Elle s'en donnait même à cœur joie, et cela lui fera le plus grand bien. On dirait que le brouillard se dissipait pour de bon de son subconscient. Elle appelle Nabil et se met à plaisanter avec lui. Il lui suggère de profiter de la fête et de s'amuser au maximum. Deux jours plus tard, elle revint avec le cortège. Salima est épuisée. Nawel l'accompagne chez la coiffeuse de son quartier puis l'emmène se reposer à la maison, avant qu'on revienne la chercher. Une fois encore, la jeune mariée doit porter ses tenues de présentation. Cette fois-ci Mourad est de la partie, et tous les invités les entourèrent en fin de soirée pour couper la belle pièce montée. Nawel avait voulu appeler Nabil et lui demander de se joindre à eux à maintes reprises, mais s'était ravisée... Aurait-il accepté ? Dans ce cas, comment l'aurait-elle présenté à la famille ? Dans l'euphorie générale, elle avait oublié ses angoisses et son mal-être, et s'était fondue dans la foule joyeuse. Mais au moment où Salima allait quitter la salle dans sa jolie tenue de mariée, et au bras de son mari, elle avait ressenti une grande tristesse l'envahir. De longues larmes avaient ruisselé sur son visage... Des larmes d'amertume ou de regret ? Elle n'en savait rien. Sa sœur rejoignait son nid conjugal, et la solitude la guettait. Ce soir, la famille est là pour lui tenir compagnie. Mais demain, elle se retrouvera aussi seule qu'un rat dans son trou. Pourtant, ce ne sera pas le cas ! Dès le lendemain, Nabil l'appelle et insiste pour l'accompagner à la plage, puis ils allèrent dîner sur la côte et se régalèrent de poissons grillés. Ce n'est que tard dans la nuit qu'il consentit enfin à la raccompagner chez elle en lui recommandant d'aller se coucher dans l'immédiat. Ce qu'elle n'eut aucun mal à faire puisque ses paupières se refermèrent toutes seules. Lorsqu'elle les rouvrit, il faisait grand jour. Ses parents et le reste de la famille étaient repartis au bled. Elle rejette ses couvertures, et va se préparer un café dans la cuisine. Elle refusait d'admettre encore que Salima l'avait quittée. Comme elle lui manquait déjà ! La maison lui sembla vide et triste. Elle termine de siroter son café et se lève promptement. Elle avait encore quelques jours de congé devant elle pour se reposer et, mieux encore, chercher un appartement mieux situé et plus aéré... Elle s'habilla hâtivement et sortit. Elle avait dans son sac quelques cartes de visite publicitaires de certaines agences immobilières. Il y a quelques semaines, elle s'était rendue dans deux ou trois d'entre elles, et avait eu une panoplie de choix entre studios, villas, maisons de campagne et appartements. Elle se rappelle aussi que quelqu'un lui avait déjà touché un mot sur un F3 situé non loin du centre-ville et dont le propriétaire proposait un bon prix. Elle voulait prendre du recul pour réfléchir, mais maintenant le temps pressait... Elle ne pouvait plus vivre dans son appartement ni supporter le lourd silence qui y régnait. Sans plus hésiter, elle téléphone au patron de l'agence qui lui avait fait cette proposition et prend rendez-vous pour la journée. Elle devrait tout d'abord visiter cet appartement et avoir une idée sur le quartier. La journée s'allongeait. Au fur et à mesure que les heures avançaient, elle devenait fébrile. Pour passer le temps, elle fit les magasins, puis déjeuna dans un restaurant. Nabil l'appelle et l'invite à une soirée au théâtre mais elle décline son invitation, prétextant qu'elle se sentait encore fatiguée et qu'elle devrait travailler sur un nouveau feuilleton. (À suivre) Y. H.