Le rassemblement organisé, hier, par l'Association pour la défense et l'information du consommateur (Adic), devant le siège de la wilaya de Béjaïa, a été violemment dispersé par la police antiémeute, a-t-on appris des manifestants ayant échappé aux arrestations. Cinq manifestants y seront interpellés, dont le président de l'association, Anis Adjlia, qui était en train de rendre compte aux manifestants de la rencontre avec le SG de la wilaya, qui les a reçus quelques minutes auparavant. Ont éclaté alors des escarmouches, circonscrites au quartier périphérique d'Ihaddaden où des jeunes manifestants ont commencé à dresser des barricades, obligeant les automobilistes à faire des détours, alors qu'une partie de la route est en travaux depuis quelques semaines déjà. Nous avons appris de sources policières que les cinq manifestants allaient être libérés dans les heures qui suivent. La manifestation, pacifique, se voulait une dénonciation de l'augmentation des prix des tickets de transports, jugée injustifiée et disproportionnée. Elle survient, en outre, le jour où l'arrangement, formalisé, mardi dernier, par la direction des transports et le syndicat des transporteurs de voyageurs pour une hausse de 10% du ticket de transport, est entré en application. Les tarifs de transport des bus sont passés, hier, à 20 DA. Le raisonnement de l'Adic est simple : "On ne peut pas passer de 15 à 20 DA", ce n'est pas une augmentation de 10%, mais de 33%, d'où leur verdict : "Ces augmentations des prix sont exagérées, anarchiques et insupportables." Et "elles sont absolument injustifiables". C'est la raison pour laquelle ils ont tenu à dénoncer avec force cet accord, ainsi que les comportements "mercantilistes" des transporteurs de voyageurs, tout en pointant du doigt la responsabilité morale et politique des autorités compétentes dont c'est le rôle de veiller à un partage équitable du sacrifice. Lequel sacrifice ne doit pas seulement être supporté par les couches les plus défavorisées. Selon le président de l'Adic, le SG de la wilaya aurait rétorqué qu'il ne pouvait rien y faire et qu'il fallait saisir le wali par écrit. Le problème, c'est que c'est déjà chose faite : "Nous avons remis une lettre en main propre au wali, il y a à peine quarante-huit heures. Et on nous demande encore une fois de lui écrire", s'est écrié le président de l'association. Dans la foulée, il déclare que "nous exigeons maintenant d'être reçus par le wali", a-t-il ajouté. "Nous ne demandons rien d'autre que l'application de la réglementation et le respect du cahier des charges". Mais avant même qu'il ne termine son speech, on a assisté à une charge de la police antiémeute. Cinq manifestants, dont le président d'Adic, seront embarqués et introduits avec force dans l'enceinte de la wilaya. La banderole, accrochée sur le fronton de la wilaya, sera arrachée. Pour rappel, l'Adic ne se limite pas aux constats, elle propose des solutions aux pouvoirs publics. Comme, par exemple, renforcer la flotte des bus de l'entreprise publique, l'ETUSB, et la création de nouvelles lignes pour desservir des quartiers non couverts actuellement. L'Etusb assure la desserte depuis et vers la gare routière. Et amener ainsi les transporteurs privés sur le terrain de la concurrence, d'où son diktat. Mais aussi d'élaborer des tarifs "par section ou par arrêt de bus, si nécessaire (5, 10, 15 DA) et insister sur le respect des horaires et l'instauration de permanence jusqu'à 22h minimum." M. Ouyougoute