Le baraquement de Qariat Echouk est situé en contrebas du lieu-dit El-Oued de Aïn Naâdja, soit au fond d'une cuvette. Reconnu en tant que refuge des sans-logis issus d'Alger, de l'Algérie profonde et même de la nuée d'îlots d'habitations exiguës de l'hideuse cité de Aïn Naâdja, Gué de Constantine incarne jusqu'à présent la terre d'accueil, sinon l'"eldorado" où le citoyen lambda et SDF quête un bout de terre pour ériger une baraque, synonyme sine die de l'octroi d'un logement neuf au frais du beylik et du... contribuable. Pour l'exemple, Gué de Constantine est l'unique endroit d'Alger où l'on inventoriait depuis peu de temps l'effarant chiffre de 19 sites d'habitat précaire. Certes, il y a eu récemment le relogement des deux méga-bidonvilles de Hay Erremli (Semmar) d'une densité humaine de 4000 familles et 2500 familles de Aïn Melha (Aïn Naâdja). Seulement, ces deux favelas ne sont rien comparé à l'horreur de Qariat Echouk et de l'ancienne ferme Casenave. En effet, il suffit qu'un soi-disant méga-bidonville s'éteint pour qu'un autre plus important s'éveille et s'adjuge le... "fauteuil" du leader des baraquements à Gué de Constantine. À ce propos, Ould Beziou Saïd, le vice-président chargé de l'environnement auprès de la municipalité de Gué de Constantine, a déclaré : "C'est le record pas du tout enviable qui est à l'actif de notre commune, eu égard d'abord à l'immensité de l'espace disponible et ensuite au statut d'une municipalité qualifiée d'abri, voire d'asile pour tout demandeur d'un toit. Autant d'atouts que corrobore l'incurie qu'avait générée ce chaos urbain durant la décennie noire. De la sorte, il est admis comme vrai que c'est du jamais vu à l'échelle des 57 municipalités de la wilaya d'Alger et même à l'échelle du territoire national. D'où la nécessité de souscrire à la volonté de l'autorité de la wilaya d'Alger d'en finir à tout jamais avec ce fléau larvé qu'est l'habitat précaire. Alors, pour satisfaire au challenge d'une capitale sans baraque, le mieux est de s'entourer à l'avenir de tous les garde-fous afin de parvenir au seuil rêvé de "zéro'' baraque." Situé dans le prolongement du boulevard de l'affreuse cité des 720-Logements et dans l'axe de l'ancienne ferme Casenave, le campement de Qariat Echouk est englué en contrebas du lieudit "El-Oued" de Aïn Naâdja, soit au fond d'un vallon ou plutôt d'une cuvette. Du reste, Qariat Echouk est entourée de l'inquiétante friabilité de djebels, qui, s'ils venaient à s'écrouler, enseveliront tout ces malheureux dans une avalanche de boue. Authentique ! "Le risque d'un éboulement de terrain est d'autant évident, autrement récurrent en ce lieu-ci, où aucun ouvrage d'art ne s'oppose à l'affaissement d'un terrain", a ajouté notre interlocuteur lors de notre visite au sommet de la butte en élévation de Qariat Echouk. Tout bien considéré, l'inquiétude de notre guide est étayée par l'absence d'un revêtement en pierres qui se doit de protéger ce val d'une éventuelle coulée de boue, à l'exemple de ce que l'on voit aux abords des culées des ponts sur nos routes. Pis, l'infertilité du sol en matière de végétation laisse craindre le pire pour ces malheureux. D'ailleurs, c'est le cas d'un pâté de baraques, embourbé à l'heure qu'il est "parpaings et zinc" dans la boue et qui menace de piquer du "qazdir" dans le vallon. "Entrez donc s'il vous plaît ! Vous verrez d'affreuses fissures qu'a engendrées le mouvement des terres. Et depuis, l'on s'attend tout le temps au pire, notamment lorsqu'il pleut la nuit. L'eau dégouline de partout et empêche mes enfants de dormir", a déclaré cette mère de famille qui occupe une baraque à l'entrée de Qariat Echouk. Que dire des autres occupants de l'avoisinant "capharnaüm" de Casenave, qui sont logés à la même enseigne miséreuse et qu'aucun mot ne peut décrire. Au demeurant, et pour être prêt au jour J de l'opération de relogement, "nous avons procédé à l'élaboration du document dit ‘'zoning'' du reste-à-réaliser au chapitre du relogement, où il est fait mention par les soins de la wilaya déléguée à la circonscription administrative de Bir Mourad Raïs de l'étude des cas de 1800 baraques réparties entre Qariat Echouk et Casenave. Outre cela, nous envisageons également l'aménagement de voies d'accès pour la logistique requise", a conclu notre interlocuteur. Louhal N.