Rappelant les échecs essuyés par la communauté internationale en Somalie et en Afghanistan, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a mis en garde jeudi contre toute intervention internationale prématurée en Libye. Il a même appelé à doter l'Armée nationale libyenne du général Khalifa Haftar en équipements nécessaires. Dans un long entretien accordé au quotidien italien La Repubblica, le chef de l'Etat égyptien a souligné "qu'il est très important que toute initiative italienne, européenne ou internationale intervienne sur demande libyenne et sous le mandat des Nations unies et de la Ligue arabe". "Il faut garder à l'esprit deux leçons: celle de l'Afghanistan et celle de la Somalie: il y a eu des interventions étrangères il y a plus de trente ans et quels progrès ont été enregistrés depuis lors?" s'est-il interrogé, avant d'ajouter : "Les résultats sont sous le regard de tous, l'Histoire parle clairement". Il a regretté que "les Européens regardent la Libye comme si le groupe Etat islamique était l'unique menace. (...) C'est une erreur grave (...) Nous devons être conscients que nous avons devant nous différents sigles porteurs de la même idéologie: que dire des réseaux d'Al-Qaïda comme Ansar al-Islam, comme les Shebab somaliens et jusqu'à Boko Haram en Afrique?". Proposant "une stratégie globale qui ne concerne pas seulement la Libye, mais consistant dans la défense dans la région de la stabilité de tous les pays qui ne sont pas encore tombés dans le chaos", Abdelfattah Al-Sissi prévient les Européens "du risque d'une vague de réfugiés deux ou trois fois plus grande qu'aujourd'hui". Le président égyptien proposera une alternative consistant en "un soutien à l'Armée nationale libyenne" (ANL) commandée par le général Khalifa Haftar. Selon lui, "il y a des résultats positifs qui peuvent être atteints si nous la soutenons. Et ces résultats peuvent être obtenus avant que nous assumions la responsabilité d'une intervention". Al-Sissi estime : "Si nous fournissons des armes et un soutien à l'Armée nationale libyenne, elle peut faire le travail mieux que n'importe qui d'autre, mieux que toute intervention extérieure qui risque au contraire de nous mener dans une situation qui nous échappe et qui provoquera des développements incontrôlables". Pour conclure, il a rappelé que "le Caire encourage le Parlement de Tobrouk, qui soutient majoritairement le général Haftar, à donner son approbation à un gouvernement d'union nationale libyenne". Merzak T./Agences