La consommation des comprimés hallucinogènes (psychotropes), y compris des médicaments somnifères prescrits par des médecins, et la drogue constituent un facteur majeur dans les accidents de la circulation et représentent 57% des causes ayant abouti à la mort d'homme sur nos routes. Palliatif par excellence à la consommation de l'alcool chez les jeunes conducteurs, dont des chauffeurs de bus et de camions qui circulent à grande vitesse, même (sur)chargés, la consommation des psychotropes et de la drogue au volant a été au cœur d'un séminaire international intitulé "Toxicologie médico-légale et son importance dans la prévention routière" et organisé, hier, à l'Institut national de criminologie et de criminalistique (INCC) de la Gendarmerie nationale. En présence de plusieurs ministres, de magistrats, des généraux Menad Nouba de la GN et du DGSN, Abdelghani Hamel, cette rencontre a été une opportunité pour colmater le vide juridique en la matière, d'une part, et de trouver des mécanismes, d'autre part, afin d'outiller toutes les unités de la GN chargées de la prévention et de la sécurité routière. Le DG de l'INCC-GN, Sid-Ahmed Bouremana, a indiqué que l'objectif est "de mettre en place un protocole d'analyses afin de juguler ce fléau, de mettre l'état de santé du conducteur en évidence lors des sinistres ou lors des contrôles de routine, mais aussi d'effectuer une lecture globale des textes juridiques afin d'uniformiser les expertises relatives à la conduite sous l'effet de l'alcool, des drogues et des psychotropes". Citant les expertises réalisées en 2015, M. Bouremana a indiqué que l'INCC-GN a reçu 4 880 affaires ayant donné lieu à 27 980 analyses. Selon lui, 57% des affaires ont trait à la recherche de l'éthanol et des stupéfiants dans le cadre des infractions relatives à la sécurité routière. Mieux, cet institut a expertisé 8% des drogues et des psychotropes saisis sur les conducteurs ayant causé mort d'homme. Au chapitre de la mise en examen des moyens de locomotion, l'INCC-GN a établi, durant la même période, 390 pièces à conviction transmises à la justice. Ces dossiers contiennent notamment des preuves tangibles établies par les investigations scientifiques et relatives à l'identification des véhicules (accessoires et peintures) dans la reconstitution des sinistres routiers. Aussi, révèle la même source, 251 analyses sur des produits chimiques inconnus, soit 52,62%des activités du département, ont été réalisées sur des conducteurs sous l'effet de la drogue et des psychotropes. Du coup, estime le général Menad Nouba, "cette journée internationale est une opportunité pour échanger nos points de vue sur les sujets contenus dans la thématique proposée et d'apporter un éclairage sur les problématiques auxquelles sont confrontées nos magistrats, experts et enquêteurs dans leur lutte quotidienne contre les accidents de la circulation routière". Signalons, enfin, qu'une série de recommandations seront rendues publiques à l'issue de cette rencontre, la première du genre, qui a eu le mérite de mettre en exergue la consommation des psychotropes et la drogue au volant. FARID BELGACEM