C'est ainsi que le conseil de daïra des Ouacifs et la coordination communale d'Ath Zmenzer du mouvement citoyen ont résumé hier leur position par rapport à la reprise de langue entre le gouvernement et l'aile du mouvement citoyen menée par Belaïd Abrika, et l'accord qui en a découlé. Par la voix de Idir Aït Maâmar, accompagné de Nordine Rami et d'Ali Aouchiche, ce groupe, qui refuse le qualificatif de “troisième voie”, estime que le dialogue en cours n'est rien d'autre qu'un “marchandage en prévision des perspectives politiques du régime”. Il accuse Abrika et ses collègues de s'être laissés entraîner dans “un dialogue au rabais”. Lors d'une conférence de presse animée hier au siège de notre confrère El Watan, les trois personnalités ayant quitté la CADC depuis octobre 2003, lorsque Abrika et son groupe avaient répondu à l'appel du Chef du gouvernement, ont critiqué la démarche de leurs anciens collègues qui “ne représentent ni la base, ni le mouvement et encore moins la Kabylie”. “Nous devons dire basta à cette précipitation dans la réponse parce que c'est une démarche qui cache mal la volonté du pouvoir de normaliser la Kabylie en prévision de son projet d'amnistie générale.” Pour M. Aït Maâmar, le fait que le groupe d'Abrika a répondu favorablement à l'offre de dialogue est une “grosse erreur” en ce sens que, d'après lui, “le rapport de force est nettement en faveur du pouvoir, surtout après la présidentielle d'avril”. En l'occurrence, les “dialoguistes” se sont, de ce fait, présentés en “victimes expiatoires et devront se contenter de solutions préconisées d'en haut”. Plus incisif encore, le délégué des Ouacifs et ses amis croient déceler un “marché” entre Ahmed Ouyahia et le groupe de Belaïd Abrika. “C'est dire que la perche tendue par Ouyahia était l'aubaine qu'il fallait saisir sans hésitation aucune”, soulignent-ils dans une déclaration remise aux journalistes. Ils en sont d'autant plus convaincus que “le mouvement était à terre avant cette invitation au dialogue”. Le trio doute également que le gouvernement puisse lâcher du lest sur les principales revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. Le fait que l'accord signé par les deux parties mentionne que l'Etat mettra en œuvre la plate-forme “dans le cadre de la Constitution et des lois de la République” est, à leurs yeux, une preuve que le pouvoir n'est pas près de céder sur l'essentiel. “Veut-on nous faire croire que la plate-forme d'El-Kseur est soluble dans la Constitution et les lois de la République ?” s'interrogent les conférenciers. “Nous voulons bien croire que le gouvernement est prêt à satisfaire les questions politiques soulevées par ce document, mais ça ne sera, hélas, sûrement pas le cas”. Aït Maâmar affirme percevoir des prémices à travers, notamment “le refus de libérer Mohamed Benchicou et les détenus du mouvement citoyen du Sud”, mais surtout via “la volonté affichée de mettre au pas la société”. Des pratiques qui, de son avis, vont à contresens des principes défendus dans la plate-forme d'El-Kseur. Affirmant ne pas céder à la fatalité du dialogue, les trois animateurs qui disent être en phase avec la volonté de la “base” annoncent la publication prochaine d'un document de réflexion sur les perspectives d'action du mouvement et ont l'intention d'initier des contacts avec la société civile et les partis politiques de la mouvance démocratique. H. M.