Cher Parking, Permets-moi de te tutoyer, car depuis bientôt trois années que l'on se connait, du temps ensemble nous en avons passé. Je t'écris au nom de tous mes camarades, qu'ils soient étudiants de l'ENP ou même issus d'autres universités. A vous, lecteurs qui se reconnaîtront à travers cette lettre, gardez foi en l'humanité car nous avons tous notre parking bien aimé. Tout d'abord je voulais te remercier Parking. Toi, qui nous as toujours accueillis à bras ouverts, au printemps comme en hiver. Nous te remercions pour toute l'attention que tu nous portes ainsi que pour les places que tu nous réserves, petites places tranquilles à l'ombre pour les uns ou coins de détente pour les autres. « Parc ou parking de stationnement, un espace ou un bâtiment aménagé, dédié au stationnement de véhicules » tu as ainsi été défini. Mais bien évidemment, au fil du temps, à défaut de nous découvrir du talent, nous t'avons découvert de nouvelles fonctions. Véritable « écosystème » joignant l'utile à l'agréable. Nous apprécions de bon matin, ce climat réconfortant que tu nous offres, que ce soit pour piquer un petit somme avant d'entamer une journée aussi longue qu'un solstice d'été ou pour des révisions de dernière minute avant un examen (spécialité commune à Polytech'). Tu es un lieu de méditation, d'échange et de rencontres. Un endroit privilégié pour de longues parties de Domino ou de Quinche. C'est à l'heure du déjeuner que ta popularité atteint son apogée, car tout le monde arrive à trouver un coin sympa pour bien manger. Que l'on soit seul, en couple ou en groupe. Des coups de soleil, nous en avons attrapés, parce que l'on n'a eu aucun arbre sous lequel nous abriter. Tu as été ce théâtre dans lequel nous avons joué les plus beaux chapitres de notre vie, ainsi qu'un Jukeboxe (quelques fois) ayant rythmé nos moments d'ennui. Tu as été notre Co-Working space, ayant vu naître nos idées les plus révolutionnaires et les plus folles. Tu nous as également permis de refaire le monde avec nos débats, et dieu sait qu'il y en eu des tas ! De la politique à l'actualité footballistique, nous avons discuté notre avenir traitant de la problématique du « Comment allons-nous nous en sortir ? » des examens qui approchent à grands pas ou du prochain événement CAPien. Tes plus fidèles amis te tiendront compagnie les après-midis où il fera beau. Combien de longues parties de loup-garou, de siestes et de pique-niques t'ont animé jusque tard en soirée. Certains te reprocheront de manquer de style, d'ombres, de tables, d'espaces verts et de places parfois, ou même d'être cabossé. Mais pour moi, c'est ce qui fait ton charme. Et s'il est vrai que « Polytech' est une famille » alors tu dois sans doute être le "Baby-sitter" qui en garde les enfants quand ils ne sont pas en cours. Je t'écris et bien des questionnements me viennent à l'esprit : est-ce « normal » qu'un endroit dédié au stationnement de véhicules se retrouve à être « squatté » par de jeunes étudiants ? A défaut de parcs, de jardins aménagés, équipés et sécurisés ? En Algérie comme ailleurs, le « divertissement » est un réel besoin que ressent la jeunesse, que ce soit pour casser le rythme effréné des études ou pour remédier au pire fléau de notre génération : « l'ennui ». Communément appelé par les algériens « le dégoutage ». Une société ne trouvant aucune alternative pour tuer le temps, est consumée par le dit « El vide » se « rabattant » littéralement sur des activités inappropriées. Parce que dans une société de consommation comme la nôtre, le « divertissement » se résume à aller manger une pizza ou à faire du shopping. Sans oublier la précarité dans laquelle se retrouvent bon nombre d'étudiants qui guettent avec hâte la « modeste » bourse, qui tarde le plus souvent à arriver. Parce que l'Algérie manque réellement d'infrastructures appropriées pour répondre à nos besoins d'évasion, de loisir et de divertissement que nous nous retrouvons H24 connectés sur les réseaux sociaux pour nous retrouver. Facebook par exemple, est devenu une alternative voir même un lieu de rencontres « virtuelles » qui, petit à petit, a remplacé les expressions "au revoir" et "à demain" par « on se retrouve sur Facebook pour discuter de ceci ou de cela ». Nous apprécions de moins en moins le temps passés avec nos proches et préférons quelques fois des amitiés « virtuelles » à celles que l'on pourrait tisser dans la vie réelle. En attendant que les moyens de divertissements se développent, et que le divertissement ne rime plus avec « consommation », on continuera à occuper notre parking bien aimé à nos heures perdues. Tu resteras, Cher Parking, gravé dans nos mémoires et dans tous nos Selfies. Cordialement. Merwane BIRECHE @BirecheMerwane A 23 ans, Marwen BIRECHE, élève-ingénieur en hydraulique à l'ENP et CAPiste invétéré- entre Lennon et Marley- avide de nouvelles connaissances et toujours en quête de nouvelles aventures.