Ville pétrolière, ville poudrière, ville… bidonville. Hassi-Messaoud fait peur à ses habitants. La région de Hassi-Messaoud, qui abrite l'un des plus grands complexes pétroliers d'Algérie, sera déclarée, prochainement, zone interdite pour habitation et toute forme d'urbanisation. C'est ce qu'a annoncé, hier, le ministre délégué chargé de la Ville, M. Abdelmadjid Boukerzaza, lors de son passage au forum hebdomadaire de la télévision nationale. “Hassi-Messaoud est une zone de risques majeurs qui sera déclarée, au même titre qu'Arzew, région interdite”, a révélé, hier, le ministre, en faisant remarquer que les pouvoirs publics ont pris 17 mesures dans le sillage de la délocalisation de cette ville. Première décision : les autorités ont arrêté définitivement l'octroi des permis de construction aux particuliers qui voulaient s'établir à proximité de ce site pétrolier. C'est donc la deuxième mesure après la décision de déplacer cette ville prise il y a quelques semaines par le gouvernement, compte tenu du danger qui pèse sur sa population estimée à quelques 60 000 âmes. “Hassi-Messaoud est une poudrière, une zone extrêmement dangereuse pour les citoyens qui y habitent, et il est du devoir de l'état de parer à toute mauvaise surprise”, estime Boukerzaza dont le département est pleinement engagé dans ce projet. Il annonce qu'un comité intersectoriel est déjà à pied d'œuvre dans la région de Ouargla pour le choix du site qui devrait accueillir les habitants de Hassi- Messaoud devant être déplacés. Et cette mesure, d'après lui, cadre parfaitement avec l'esprit de l'avant-projet de loi sur la ville qui a été discuté, mercredi dernier, en conseil des ministres. Une loi qui, dit-il, devrait offrir un cadre juridique d'intervention aux acteurs économiques, dans le but d'assainir les villes. Il devrait, également, définir la notion de “ville”, si absente dans le système juridique algérien et qui a fait que l'on assiste à une urbanisation anarchique. “En fait, nous allons mettre en place une véritable politique de la ville et cette loi sera l'instrument de coordination entre les différents intervenants”, note le ministre, qui insiste sur le caractère “intersectoriel” de ce projet. M. Boukerzaza n'a d'ailleurs pas manqué de souligner que sans la promulgation du code communal et celui de la wilaya, il serait illusoire de parler de politique de la ville. En d'autres termes, ces deux codes et d'autres textes et décrets d'application sont la pierre angulaire de cet ambitieux projet qui vise à mettre le holà aux ravages du béton, à l'urbanisation sauvage et aux aménagements hors normes. Ceci, d'autant qu'à l'horizon de 2020, environ 33 millions d'algériens, d'après le ministre, résideront dans les villes. Il faut savoir, en effet, que 40% de la population s'entasse dans seulement 1,9% de la superficie nationale alors que 87% des étendues du Sud restent affreusement désertes. Ce n'est d'ailleurs pas fortuit si les autorités ont interdit, via la loi de mai 2002, la création de nouvelles villes sur la côte déjà saturée. Le ministère de la Ville — un département créé récemment —, appuie l'option qui consiste à canaliser la construction de nouvelles villes dans les Hauts-Plateaux et dans le Sud. Mais il n'y a pas que cela. L'avant-projet de loi sur la ville prévoit des garde-fous pour éviter que l'on construise des cités dortoirs. C'est ainsi que la vocation d'une nouvelle ville doit être obligatoirement tranchée avant le début des travaux, afin d'imprimer à chacune un cachet bien particulier. C'est ainsi, et seulement ainsi, que les pouvoirs publics pourraient stopper le phénomène de la…bidonvillisation. H. M.