Les partis de la coalition gouvernementale ont décidé de retirer leur couverture politique au Premier ministre Habib Essid, à l'issue d'une réunion qu'ils ont tenue tard dans la soirée de jeudi à hier, ont rapporté les médias tunisiens. L'annonce a été faite par Abdelaziz Kotti, un des leaders de Nidaa Tounes, le parti au pouvoir, dont est issu le chef d'Etat Béji Caïd Essebsi.Formée de Nidaa Tounes, l'Union patriotique libre (UPL), Afek Tounes et le parti islamiste Ennahda, la coalition au pouvoir compte demander à Habib Essid de déposer sa démission "dans les plus brefs délais", lit-on dans la presse tunisienne. Le chef du gouvernement avait déclaré récemment qu'il était prêt à partir si "les intérêts du pays l'exigent", après l'annonce par M. Essebsi de son intention de former un gouvernement d'union nationale, qui aura pour mission de sortir la Tunisie de la crise. Mais cette initiative serait loin d'être une "simple" décision politique, animée par des motivations liées à une situation socioéconomique et sécuritaire des plus difficiles. Des cercles auraient commencé à préparer l'éviction de Habib Essid pendant plusieurs jours, voire des semaines, avant l'annonce par le chef d'Etat de sa décision de former un gouvernement d'union, a rapporté la presse locale, s'appuyant sur des documents confidentiels obtenus par une radio privée. "La décision du président est le résultat de pressions exercées par des lobbys qui veulent empêcher Habib Essid d'exécuter son programme d'assainissement de l'économie", a rapporté Tunisie Telegraph. Ces mêmes lobbys et groupe de pression cherchent, selon la même source, à redistribuer les cartes pour échapper à la justice. Ce qui est loin d'être faux dans un pays où l'idée d'une amnistie fiscale fait débat en Tunisie. Parallèlement, des politiques et des mouvements de la société civile poursuivent leur mobilisation contre la concrétisation de ce projet, estimant que l'argent volé ou qui a échappé au fisc doit revenir dans les caisses de l'Etat. Pour rappel, l'Union générale des travailleurs tunisiens et l'organisation patronale Utica ont refusé de faire partie du futur gouvernement d'union nationale, même s'ils soutiennent cette option, après leur entrevue avec Béji Caïd Essebsi dans son Palais de Carthage, il y a quelques jours. Hier, le gouvernement tunisien a affirmé que M. Essid s'est entretenu avec plusieurs chefs de partis en vue d'une entente sur la formation d'un gouvernement d'union, lit-on sur sa page facebook. "Contrairement à ce qui a été rapporté par certains médias (...) ces rencontres ne remplacent les discussions en cours" concernant la formation de ce gouvernement, a indiqué le gouvernement dans son communiqué. L. M.