L'Espagnol Gonzalez pose la question de la légitimité de la monarchie alaouite. “Le problème du Sahara influe effectivement sur la stabilité du Maroc, mais à l'inverse de cette description, la guerre, le mécontentement de la population de la zone, les tensions avec les autres Etats africains autour de la reconnaissance de la RASD et la gabegie de moyens qu'exigent l'assimilation et la protection du territoire aggravent la crise politique, financière et économique générale du pays (...)” Cet avis émane de l'Espagnol Angel Perez Gonzalez, de l'Institut royal Elcano d'études internationales et stratégiques. Dans une contribution intitulée “La question du Sahara et la stabilité du Maroc”, qui a été publiée en novembre dernier, l'analyste espagnol attire l'attention des autorités de Madrid sur la crise couvant au royaume du Maroc. Selon lui, le roi a fait du problème sahraoui “un élément central du jeu politique” et a même piégé la monarchie alaouite. “Le piège, écrit-il, est nécessairement mortel, puisque malgré les apparences, la position du Maroc est faible : un changement de circonstances est parfaitement possible, qui modifiera le statut du territoire (du Sahara occidental, NDLR), au détriment du Maroc.” Gonzalez doute des scénarii d'intégration et d'autonomie de l'ancienne colonie espagnole, et n'exclut pas l'idée d'une “ sérieuse crise de pouvoir ” au Maroc. Il reste persuadé que la légitimité internationale “a une seule source, le droit”. “Sans droit il n'y a pas de légitimité, sans légitimité il n'y a pas de stabilité et sans stabilité, la crise peut éclater à tout moment”, annonce-t-il, en remarquant plus loin : “L'on est en présence d'un Etat problématique dans le contexte régional, comme en attestent ses relations difficiles avec l'Algérie et la Mauritanie.” L'analyste espagnol souligne, en outre, que le régime alaouite ne peut échapper aux “périodes de crise”, où se pose chaque fois la “légitimité” de la monarchie. Aujourd'hui, constate Gonzalez, le jeune roi Mohammed VI, à “la recherche de légitimité (...) se drape dans celle héritée de son père, fondée sur le nationalisme et l'expansion territoriale”. L'auteur de “La question du Sahara et la stabilité du Maroc”, estime également que la position actuelle de son pays vis-à-vis du conflit maroco-sahraoui est conforme avec “ses intérêts” dans la région et coïncide avec “la légalité internationale”. “L'Espagne a des intérêts stratégiques dans la région (...) ; il est nécessaire d'imaginer tous les scénarii possibles, y compris d'un Sahara indépendant et d'un Maroc en crise”, suggère-t-il, en prévenant sur le danger islamiste qui guette le royaume et la crise politique marocaine. “Dans le milieu politique marocain, la crise sahraouie est un problème secondaire et, à la longue, une arme de choix entre les mains de l'opposition au roi ; l'islamisme, à coup sûr, l'utilisera si nécessaire”, avertit Angel Perez Gonzalez. La contribution de cet analyste espagnol intervient dans un contexte de pressions exercées sur Madrid, en sa qualité d'ancienne puissance coloniale du Sahara occidental. Elle se veut, apparemment, un éclairage au moment où des analyses “suggèrent de manière voilée l'obligation de trouver un accord qui, en son essence, respecte la souveraineté marocaine”, tel que le note Gonzalez. H. A.