Après trois jours de violences provoquées par un conflit entre autochtones et ressortissants africains, la ville de Tamanrasset retrouve son calme. L'ordre a été rétabli dans les quartiers Guetaâ El-Oued, Tahaggart, El-Choumouaâ et El-Qamar où ont été enregistrées de sanglantes confrontations faisant, faut-il le rappeler, plus de 60 blessés parmi des migrants subsahariens. "La situation sécuritaire est totalement maîtrisée", a assuré, hier mercredi, le chef de sûreté de wilaya, Makid Okkache. Lors d'une conférence de presse consacrée à la présentation du bilan des activités réalisées durant le Ramadhan, M. Makid a tenu à préciser que l'ampleur qu'a prise le phénomène des constructions illicites dans ces cités et la location illégale de maisons aux migrants de tout poil seraient à l'origine de ce conflit qui a failli plonger la paisible capitale de l'Ahaggar dans une spirale de violence compromettant l'Algérie et sa position de leader régional et continental. L'intervention de la police, précise l'orateur au passage, a été dans le but de dénouer le problème sans discrimination aucune et loin de toute considération éthnique ou religieuse. À une question sur la possibilité de relancer les opérations de refoulement, gelées depuis février 2012 pour des raisons politiques et humanitaires, le chef de la SW renvoie la balle aux autorités administratives compétentes qui devraient prendre une sage décision quant au phénomène de l'immigration clandestine dans cette wilaya aux 50 nationalités. Revenant à son plan d'activité, le conférencier a fait part de la nouvelle stratégie mise en place dans cette wilaya conformément aux directives de la DGSN. Basé sur le contrôle du trafic routier et du mouvement des personnes, la mise en application de ce programme a permis d'avoir une meilleure maîtrise de la situation. Les quelque 199 patrouilles, effectuées dans divers quartiers de la ville et pour lesquelles 32 véhicules et 391 policiers ont été mobilisés, ont ainsi donné lieu au contrôle de 4 052 motocyclettes et véhicules, tous types confondus, indique M. Okkache, rappelant que durant le mois écoulé, 15 descentes ont également été opérées dans les fiefs de criminalité et de maux sociaux. Du côté des migrants, la peur de reprise des affrontements est toujours au ventre. Hier encore, des centaines d'entre eux ont été contraints de quitter leur habitation de fortune vers des destinations inconnues mais qu'ils espèrent clémentes. Certains se sont regroupés à la sortie sud de la ville afin de se mettre à l'abri des provocations et de toute forme de stigmatisation et de ségrégation raciale, quitte à supporter l'intenable canicule qui s'abat sur la région et les flammèches d'un soleil au zénith qui les pourlèchent depuis trois jours déjà. RABAH KARECHE