Le président égyptien Hosni Moubarak cède. Il concède à appliquer quelques règles fondamentales de la démocratie. Il a demandé au Parlement d'amender la Constitution pour que l'élection du président de la République se fasse désormais au suffrage universel direct à bulletins secrets. Il faut savoir qu'en Egypte, le raïs est choisi par l'Assemblée nationale avant d'être plébiscité par le suffrage populaire. Avec la précision que le parti du président détient de fait plus des deux tiers des voix dans cette institution qui n'est qu'une simple chambre d'enregistrement. L'Egypte, qui n'a même pas pris la peine de sacrifier aux procédures démocratiques basiques, vient même de jeter en prison un leader de l'opposition. Moubarak, 76 ans, au pouvoir depuis 23 ans, aurait l'intention de briguer un cinquième mandat à la tête de l'Etat égyptien, après avoir tenté de mettre sur orbite son propre fils, qu'il avait fait élire au Caire comme député avant de lui confier les rênes du parti présidentiel. Un Mouvement populaire pour le changement, représentant un large spectre sur la scène politique égyptienne, manifeste depuis plusieurs semaines pour lui demander de renoncer à briguer ce nouveau mandat. Moubarak fait l'objet de pressantes pressions de la part des Etats-Unis pour appliquer des réformes. Bush n'a cessé de le mettre sur le gril, menaçant de lui couper la cagnotte annuelle (3 milliards de dollars) dont son pays est bénéficiaire en contrepartie de son intégration dans la géostratégie us dans la région. Moubarak, persuadé de voir la fin de son pouvoir avec l'application des réformes, n'a pas hésité à joindre sa voix à celle des wahhabites pour défendre la singularité du monde arabo-musulman où la plupart des régimes partagent avec le Caire l'autoritarisme, les violations des droits de l'homme et la suprématie des hommes sur les femmes. Mais Moubarak n'est pas sorti de l'auberge. Washington estime sa concession au suffrage universel insuffisante. Condoleeza Rice a effacé le périple proche-oriental après que l'Egypte eut annulé une rencontre, prévue le 3 mars au Caire, entre les pays arabes et les pays industrialisés du G8. Le raïs égyptien, qui a plus d'un tour dans son sac, pense rentrer dans les bonnes grâces de Bush au travers de la Palestine. Le Caire organise un round de dialogue entre les groupes palestiniens début mars. Mais, la secrétaire d'Etat américaine sera à Londres lundi pour présider la conférence sur les réformes palestiniennes. La question de la Palestine dépend des Etats-Unis, et s'ils en ont fait une priorité, c'est également pour accélérer les réformes dans les pays arabes ; le sommet d'Alger sera attentivement suivi par Bush. D. B.