L'événement organisé par l'association culturelle Yakoubi-Ferhat, en collaboration avec le comité de village, avait pour objectif de redorer le blason de cet habit traditionnel et de lui rendre ses lettres de noblesse. Sous le thème de "Talaba n Lejdud", la 3e édition du Festival du burnous qui s'est déroulée au village de Houra, dans la commune de Bouzeguène, à 60 km à l'est de Tizi Ouzou, avait pour objectif la promotion de cet habit traditionnel et ancestral qui est de plus en plus délaissé, notamment en Kabylie. Tout le réseau du tissage du burnous souffre d'un véritable effritement depuis la collecte de la laine de mouton jusqu'à la confection du métier à tisser. L'ouverture du festival s'est effectuée en présence du chantre de la chanson kabyle Lounis Aït Menguellet sur qui tous les villageois et les invités se sont focalisés. "Merci de m'avoir permis de prendre part à ce festival. Ce souvenir restera à jamais gravé dans ma mémoire", dira le chanteur, heureux de se retrouver au milieu de ses nombreux fans à Bouzeguène. L'événement organisé par l'association culturelle Yakoubi-Ferhat, en collaboration avec le comité de village, avait pour objectif de redorer le blason de cet habit traditionnel et de lui rendre ses lettres de noblesse. Voué à l'oubli, il est rarement porté par les jeunes générations et même par les moins jeunes. Une quarantaine d'exposants, ce qui est considéré comme un record par les organisateurs, ont pris part à ce rendez-vous annuel avec leurs produits respectifs de tissage de burnous, mais aussi des robes kabyles, du fer forgé ainsi qu'un salon du livre. De nombreux exposants sillonnaient les stands du festival dans le but de faire la promotion de leurs produits, à l'image du poète Meriche Ahcène, auteur de plusieurs ouvrages de poésie et d'histoires puisées du terroir dont certaines sont traduites dans trois langues (kabyle, français et anglais). Un grand atelier de tissage a été installé dans un local du village où toutes les étapes de fabrication du burnous étaient reproduites en version réelle, notamment le nettoyage de la laine, le cardage, l'effilage puis l'installation du métier à tisser. Une grande mobilisation des habitants de Houra dénote l'intérêt des villageois pour cet habit traditionnel qui représente un symbole identitaire dans les régions de haute Kabylie. L'influence des modes vestimentaires qui se modernisent de plus en plus, la cherté de la matière première, l'absence de tisseuses qualifiées, dont le nombre se réduit malheureusement d'année en année, expliquent le coût élevé du burnous. Proposé entre 40 000 et 45 000 DA, voire plus, le burnous ne trouve pas preneur dans les villages. Cette situation se traduit également par l'arrêt du transfert du savoir par les vieilles villageoises aux jeunes filles qui s'intéressent de moins en moins au tissage et ne sont guère intéressées à reprendre le flambeau de leurs ancêtres. C'est justement là que réside le gros défi que vise à relever l'association Yakoubi-Ferhat pour booster le métier du tissage du burnous et tenter de reconstituer le réseau de toute la filière laine, de la source jusqu'à la production. KAMEL NATH OUKACI