Résumé : L'attente dure. Aucun autre message n'est venu rassurer le jeune couple. Au crépuscule la sonnerie du fixe retentit. Racim et Narimène entendent nettement les pleurs de leur enfant. Le ravisseur voulait sa rançon mais refusait d'indiquer encore l'endroit où il se trouvait. Il promet de rappeler. Narimène propose à son mari d'alerter la police. Racim soupire. -Je ne sais plus quoi faire. -Je t'en supplie, allons tout raconter à la police avant que ce ne soit trop tard. Qui dit que cet homme ne fera pas de mal à notre enfant une fois l'argent en sa possession ? -Tu as raison. Je pense qu'il est temps de déposer plainte. Il déglutit et poursuit. -Que Dieu nous vienne en aide. Narimène, le visage en larmes, s'approche de lui. -Je ne veux même pas imaginer la suite de cette affaire. C'est un cauchemar que nous vivons. -Allons au commissariat Narimène, nous avons déjà perdu beaucoup de temps. Le policier de garde qui les reçoit comprit tout de suite que le couple avait un problème sérieux. Une fois mis au courant des faits, il se rappelle qu'un de ses collègues lui avait déjà touché un mot sur la disparition d'un jeune enfant sur la plage. Il y avait même une photo de lui qui était accrochée au tableau de garde. Il contemple Racim et Narimène, et relève tout de suite leur anxiété. -Prenez place, leur lance-t-il en leur indiquant deux sièges. Il leur pose quelques questions d'usage, puis prend quelques notes sur un registre. Racim juge opportun de lui remettre le message écrit que le kidnappeur avait glissé sous la porte de leur cottage, et ajoute que ce dernier les avait contactés deux fois par téléphone et demandait une rançon. Le policier s'arrête d'écrire et relève la tête. -Donc, il a déjà affiché ses couleur. Il veut du fric ? -C'est ça, mais il n'a pas précisé le montant exact. -C'est toujours ainsi. On laisse planer le suspens pour mettre les nerfs à vif. C'est une stratégie pour que les parents acceptent de verser la somme demandée sans rechigner. -Nous sommes prêts à verser ce qu'il demande. Notre fils est pris en otage, et nous aimerions le récupérer le plus tôt possible. -Ce n'est encore qu'un bébé, lance Narimène en se remettant à pleurer. L'agent soupire puis décroche le téléphone pour appeler son supérieur. Mis au courant des faits, le commissaire donne des instructions et ordonne d'envoyer deux agents surveiller les alentours du cottage, et un troisième agent au central téléphonique afin de localiser les appels. Racim s'insurge. -Si cet homme constate qu'il y a deux agents autour du cottage, il risque de disparaître et de nuire à notre enfant. -Rassurez-vous. Nous avons des inspecteurs spécialisés dans ces affaires de kidnapping. Ils sont discrets, effacés et efficaces. -Et si ce malfaiteur nous recontacte ce soir ? -Ce sera une bonne chose, car nous allons localiser l'appel. Ce qui nous permettra de le retrouver rapidement. Racim passe la main sur sa barbe hirsute. -Je ne sais plus que penser. Cet homme surveille nos gestes et nos déplacements. Peut-être qu'il nous a même suivis. Je regrette finalement d'avoir déposé plainte alors que je ne connais encore rien sur le destin de mon fils. Le policier lui serre le bras. -Cet homme aura trop peur de vous suivre jusqu'au commissariat. Quelqu'un pourrait le repérer. Mais vous avez raison de vous préoccuper de votre enfant. Ces gens sont sans scrupules, et votre plainte nous permettra de vous assister dans vos recherches. -Je suis un homme d'affaires. Je pourrais payer ce qu'il demande. S'il nous rend Choukri sain et sauf, je ne penserai même pas à demander des poursuites. Je suis tellement stressé que je ne pense plus qu'à récupérer mon fils et à rentrer chez moi. -Je vous comprends. Hélas ! L'affaire n'est pas aussi simple qu'elle le paraît. Ces ravisseurs jouent à cache-cache avec leurs victimes. Parfois, ils posent des lapins pour vérifier qu'ils ne sont pas suivis ou donnent de faux rendez-vous dans des endroits isolés pour s'assurer que leur butin leur sera remis. La première fois n'est pas toujours la bonne. -Que dites-vous ?, demande Narimène d'une voix nouée. Vous voulez insinuer que même lorsqu'il nous orientera vers un endroit précis pour déposer l'argent, nous ne serions pas sûr de la suite des événements ? (À suivre) Y. H.