Avant de débarquer à Alger pour prendre les rênes de la sélection algérienne, le nouveau coach national, le Belge Georges Leekens, a jeté un bref, mais sérieux coup d'œil dans le rétroviseur. Il s'est notamment renseigné auprès de ses interlocuteurs de la FAF sur les couacs qui ont jalonné le chemin de son prédécesseur, le Serbe Milovan Rajevac, l'empêchant d'aller au bout de sa mission, après seulement trois mois d'activité. En tête de liste des entraves, le problème crucial de la langue sachant que le technicien serbe ne maîtrisait pas du tout la langue française, fortement usitée en sélection algérienne, formée majoritairement de joueurs évoluant en Europe. Mais au-delà de l'obstacle de la langue, c'est surtout un problème de communication, de convivialité et de méthode de travail qui s'est posé avec Milovan Rajevac, comme l'avait, du reste, souligné le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, pour expliquer les raisons du départ. "Il y avait un problème de communication entre les joueurs et l'entraîneur, c'est pour cela que Rajevac a décidé de partir", précisait Raouraoua à l'ENTV. Une explication confirmée par l'un des cadres de la sélection, Sofiane Feghouli, qui, dans un entretien accordé au site Sofoot, a largement mis en exergue ce problème de communication. "Avec le coach, ça a été difficile dès le mois de septembre. Pour son premier match, contre le Lesotho, nous nous sommes tout de suite aperçus que ça ne passait pas vraiment avec les joueurs. Dans la communication, les méthodes... Il ne connaissait pas le nom des joueurs, leur position. Donc, ça devenait très difficile. Les joueurs ont fait le boulot et c'est tout à leur honneur. Et puis il y a eu ce match contre le Cameroun. La préparation a vraiment été délicate. Nous avions très peu de renseignements sur l'adversaire, nous avons peu travaillé tactiquement. En gros, nous n'avons pas travaillé comme il fallait. Ensuite, les vingt-trois joueurs ont pris leurs responsabilités. Nous avons envie d'aller au Mondial, nous en avons discuté entre nous et nous avons fait remonter les informations à la fédération, parce que c'est elle qui gère ces situations de crise. Il nous reste cinq matches et nous avons pensé que la meilleure solution, c'était de discuter de tout ce qui s'était passé, de faire un point. Puis le président de la fédération s'est réuni avec le staff technique, l'entraîneur. Nous avons tous discuté en famille, tranquillement, pour comprendre les choix. Ensuite, nous nous sommes aperçus qu'il y avait peut-être eu une erreur de casting de la fédération concernant Rajevac", déclarait le milieu offensif de West Ham. Raouaroua : "Le peuple algérien attend de vous un exploit." Qu'en est-il aujourd'hui avec le nouveau sélectionneur Georges Leekens. "Je pense vraiment qu'il n'y a pas photo, Leekens, c'est surtout un bon pédagogue qui cherche absolument à soustraire ses joueurs à la pression du match contre le Nigeria. Il sait très bien que les joueurs sont sous pression et que cette rencontre est sans doute déterminante pour l'Algérie dans la perspective d'une qualification au Mondial russe. Alors, il essaye à tout prix de se familiariser avec eux, de les aborder avec humour au point de les faire rire. C'est un Belge, il glisse des boutades pour détendre l'atmosphère. Au premier jour du stage, il a accueilli lui-même les joueurs, il a tenu à leur faire la bise et leur souhaiter la bienvenue. C'est une bonne approche, pleine de convivialité. Cela fait partie aussi et surtout d'un travail sur le mental car Leekens cherchent à avoir sous la main des joueurs armés mentalement", raconte un membre du staff technique des Verts. Et d'ajouter : "Côté travail, il est méticuleux, il veut impliquer tout le monde, il insiste beaucoup sur l'aspect tactique. On sent déjà qu'il sait ce qu'il doit faire pour préparer la bataille du Nigeria, après avoir justement visionné de nombreux matches de la sélection nigériane avant l'entame du stage." En fait, Leekens sait très bien qu'un bon résultat au Nigeria lui permettra à coup sûr d'entrevoir la suite de sa mission en Algérie sous de bons auspices, surtout à quelques encablures de la CAN-2017. "Je pense sincèrement que Leekens fera du bon travail en Algérie", commente, pour sa part, un responsable de la FAF. Celui qui a déjà confié qu'il a une dette envers l'Algérie, après l'avoir abandonnée en 2003 pour, disait-il, des raisons familiales, enfile de nouveau le bleu de travail à Sidi-Moussa pour tenter de rattraper le temps perdu et surtout les deux points dilapidés contre le Cameroun. Hier, au menu, deux séances de travail intensif, la première dans la matinée et la seconde à 18h, avec dans l'intervalle une réunion technique pour expliquer sa vision des choses et son plan pour revenir de la ville d'Uyo avec un résultat positif. Une réunion au cours de laquelle Leekens a rappelé la nécessité d'observer une discipline sans faille afin d'éviter les errements de l'intermède Rajevac. "La discipline est importante dans un groupe, il y a les règles du jeu, le règlement individuel et collectif et le respect des décisions du coach", disait-il lors de sa conférence de presse mardi dernier. "Il ne faut pas qu'il y ait du retard ; je comprendrais lorsqu'il y a des cas de force majeure, un décès ou un problème particulier par exemple, là je comprendrais et je peux même intervenir pour régler les choses, mais une absence ou un retard sans motif ou justification valable sera sanctionné. Je n'accepterai pas, aussi, que dans les vestiaires, lorsqu'on procède à l'autocritique, qu'un joueur critique son coéquipier ; il faut critiquer sa propre personne, pas les autres, faire une autocritique personnelle. Si un joueur s'attaque à son coéquipier, il sera logiquement sanctionné", a ajouté Leekens qui souhaite "créer une ambiance de famille au sein de la sélection nationale où régnera un respect mutuel dans le groupe". Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua était convié à cette réunion. Une occasion pour lui de rappeler aux joueurs leur promesse de se surpasser au Nigeria pour se racheter du bide camerounais. "Vous avez le devoir de revenir du Nigeria avec un résultat positif. Je suis persuadé que vous pouvez le faire. Le peuple algérien attend de vous un exploit." leur a -il dit. Aujourd'hui rendez-vous avec la presse. Les Verts reprennent des couleurs. Pourvu que cela dure ! SAMIR LAMARI