La mise en place des autorités intérimaires est devenue quasiment le nœud gordien qui bloque toute avancée significative dans le retour de la paix au Mali, un an et demi après la conclusion de l'accord d'Alger à Bamako. Les élections locales risquent d'être perturbées dans le nord du Mali ou de carrément ne pas avoir lieu dans certaines zones sous contrôle des ex-rebelles ou pour cause de menaces terroristes, ont indiqué plusieurs médias maliens et la Coordination des mouvements de l'Azawad, une partie signataire de l'Accord d'Alger en mai et juin 2015. Prévues pour le 20 novembre 2016, ces élections devraient permettre d'avancer dans la mise en œuvre de l'Accord de paix et de réconciliation au Mali, sous l'égide de l'ONU. Mais la CMA, avec d'autres parties maliennes impliquées dans ce processus, menace d'empêcher le déroulement du vote dans les zones soumises à son contrôle, estimant que la décision du gouvernement malien est une "violation grave des dispositions de l'accord pour la paix en la matière", lit-on dans le dernier communiqué des membres de l'ex-rébellion. "Cet entêtement du gouvernement à organiser des élections avant la mise en place des autorités intérimaires qui ont en charge cette mission est aussi une violation des droits civiques de dizaines de milliers de réfugiés et de déplacés qui sont directement concernés par ces élections dont ils attendent le changement tant souhaité par tous", lit-on encore dans le communiqué de la CMA, appelant aussi "le gouvernement à plus d'objectivité pour rendre les autorités intérimaires opérationnelles afin qu'elles commencent les missions qui leur sont assignées dont l'organisation d'élections libres, transparentes, inclusives et apaisées". Depuis des semaines, alors que la mise en œuvre de l'Accord de paix est perturbée par la recrudescence des attaques terroristes, les guerres internes au sein de la CMA et le manque de volonté politique des autorités de Bamako ont donné un sérieux coup de frein à la mise en place des autorités intérimaires, au cœur d'un important enjeu dans le nord du Mali. Outre la CMA, la Plateforme d'Alger (autre signataire de l'Accord de paix) et d'autres groupes politico-tribaux tentent d'imposer leurs membres ou proches à la tête de ces autorités intérimaires. Les tensions sont telles que des violences ont opposé, à maintes reprises, les différents camps, notamment pour asseoir leur contrôle sur certaines localités stratégiques, comme Ménaka, Kidal ou Gao. Parallèlement à ces luttes aux conséquences désastreuses, en premier lieu, sur les populations locales, la situation sécuritaire a ajouté au cafouillage général dans le nord du Mali. Les mouvements terroristes Ançar Eddine, Al-Mourabitoune ou encore son allié Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont multiplié leurs attaques contre les positions des Forces armées maliennes (Fama), mais aussi sur les camps et les convois de la mission de maintien de la paix onusienne (Minusma). Depuis début novembre, les membres de ces groupes terroristes ont commis plusieurs attaques qui ont fait des morts et des blessés, alors que les patrouilles mixtes, prévues dans le cadre de l'Accord de paix, peinent à se mettre en place pour y faire face. Lyès Menacer