Ahmed Ouyahia affirme que “l'effort de développement sera sans précédent” durant les cinq prochaines années pour accompagner ce qu'il qualifie de “phase ultime de la transition économique”. “L'Algérie a une opportunité historique pour réussir son décollage économique réel et un développement humain consolidé”, souligne le chef du gouvernement M. Ahmed Ouyahia, au cours d'une conférence de presse qu'il a tenue, hier, dans la matinée à la résidence d'état Djenane El-Mithaq. Le chef du gouvernement, chiffres à l'appui, estime que “l'espoir est permis pour les algériens”. Selon les données macro-économiques communiquées à la presse, la croissance prévisionnelle pour l'année 2004 a été de 5,2%. Ce niveau de croissance, constate M. Ahmed Ouyahia, est certes inférieur à celui enregistré en 2003 (6,8%). Mais, précise-t-il, “à la différence de ce qui s'est passé les quinze dernières années, durant lesquelles la croissance économique a été "tirée" par les hydrocarbures et l'agriculture, la croissance en 2004 aura plutôt été tirée vers le bas par ces deux secteurs”. Hors hydrocarbures, la croissance en 2004 a été de 6,2%. Hors hydrocarbures et hors agriculture elle aura été de 6,8%. La croissance, du point de vue du chef du gouvernement, est surtout portée par le BTP avec un taux de 8% et les services avec 7,7%. L'industrie enregistre un taux de 2,6%. En 2004, le produit intérieur brut a atteint 84 milliards de dollars. Il était de 54,7 milliards de dollars en 2000. Le PIB par habitant, lui également, a augmenté pour atteindre 2 620 dollars, contre 1 801 en 2000. “L'Algérie est en train de rattraper le niveau de son PIB par habitant des années quarte-vingt malgré la dévaluation importante de la monnaie”, souligne le chef du gouvernement. Selon lui, en 1987 (plus haut niveau atteint depuis l'Indépendance), le PIB par habitant était de 2 892 dollars avec un dollar qui valait alors 4,8 dinars. En 2004, le PIB par habitant est de 2 620 dollars avec un dollar qui vaut 72,1 dinars. Le chômage a reculé de 29,5% à 17,7% en cinq ans Le taux de chômage, selon Ouyahia, est de17,7%. Citant l'Office national des statistiques, M. Ouyahia a précisé que ce taux se basait “sur les critères les plus radicaux du BIT (Bureau international du travail), à savoir une population active à partir de 15 ans”. Bien que, souligne-t-il, la scolarité soit obligatoire en Algérie jusqu'à l'âge de 16 ans et bien que l'accès à l'emploi soit conditionné par la libération des obligations du service national à 18 ans au moins. “Si l'Algérie appliquait les bases de calcul du taux du chômage en vigueur dans les pays de la région, le taux serait alors de 13% seulement”, dira-t-il. Avec l'objectif de créer deux millions d'emplois entre 2005 et 2009, le taux de chômage baisserait à 10%, prévoit le chef du gouvernement. En évoquant l'emploi, M. Ahmed Ouyahia soutient que “l'année 2004 aura enregistré la création de près de 717 000 emplois (dont 448 000 par voie de recrutement et près de 268 000 équivalents emplois”. 114 000 emplois, créés par voie de recrutement, sont le fait des entreprises publiques, 47 670 par la fonction publique, 56 056 par le dispositif “contrat préemploi”, 30 610 par le secteur agricole, 30 610 par les entreprises privées, 18 247 par le dispositif Ansej et 15 700 par le dispositif du microcrédit. Outre les créations d'emplois plus massives attendues du rythme des investissements pour les années 2005 à 2009, le chef du gouvernement indique que la lutte contre le chômage bénéficiera également de l'apport du programme de 100 locaux par commune au bénéfice des chômeurs, décidé par le président de la république au début de l'année 2004. M. Ahmed Ouyahia soutient que les crédits, dans ce cadre, ont été mis en place à partir de la loi de finances pour 2005 et les études sont déjà achevées pour 100 000 locaux à travers le pays. La hausse des prix estimée à 3,6% Le taux d'inflation, affirme le chef du gouvernement, est évalué à 3,6%, contre 1,4% en 2002 et 2,6% en 2003. M. Ahmed Ouyahia explique cette montée de l'inflation par la forte injection de dépenses publiques ainsi que les augmentations de salaires intervenues récemment. Ce niveau, rassure M. Ouyahia, “est encore raisonnable, mais il invite à la prudence”. En effet, explique-t-il, “ou moment où la dépense d'investissement est encore appelée à augmenter, les années à venir, il est important de veiller à la maîtrise de l'inflation au niveau de la politique salariale au risque de nuire à l'économie dans son ensemble et au pouvoir d'achat des ménages en particulier”. Le chef du gouvernement appelle les algériens “à travailler plus et à faire preuve de civisme”. “Il faut plus de productivité, plus de respect de la loi…”, indique M. Ahmed Ouyahia. La dette extérieure évaluée à 21,4 milliards de dollars La dette extérieure de l'Algérie est de 21,4 milliards de dollars à la fin de l'année 2004, selon le chiffre annoncé, hier, par le chef du gouvernement. La diminution de la dette extérieure, souligne le chef du gouvernement, “aurait pu être plus importante encore si ce n'était la tendance des différents agents économiques publics et privés à emprunter de l'extérieur à un rythme important malgré la disponibilité des réserves de change appréciables (plus de 43 milliards de dollars, selon la Banque d'Algérie)”. Selon Ouyahia, les nouveaux emprunts contractés à l'extérieur auront totalisé 7,2 milliards de dollars. “Le gouvernement entend prendre des mesures en ce qui concerne le secteur public pour juguler cette dérive”, annonce le chef du gouvernement. Les émissions d'emprunt obligataire, pour lever des fonds, seront de plus en plus privilégiées dans une conjoncture de surliquidité bancaire. Le chef du gouvernement précise que cette mesure est l'une des décisions prises lors “des réunions restreintes avec le président de la république”, réunions au cours desquelles Ouyahia dit être “toujours présent”. Le chef du gouvernement a, par ailleurs, précisé que le solde de la balance des paiements a été positif de 9,6 milliards de dollars en 2004. Cependant, fait-il remarquer, “la forte hausse des importations (près de 40% par rapport à 2003) doit interpeller chacun dans le cadre de la liberté commerciale et de l'intérêt de tous”. “Il est utile, d'ores et déjà, de s'interroger sur ce que serait l'avenir lorsque les prix du pétrole connaîtront une baisse face à une facture d'importations qui représente déjà 25% du produit intérieur brut”, ajoute-t-il. 114 entreprises privatisées Le chef du gouvernement affirme que 114 entreprises ont été privatisées, des petites et moyennes entreprises. à fin 2005, le gouvernement escompte atteindre 200 entreprises privatisées. Le montant de cession avoisine 20 milliards de dinars. Plus de 5 milliards de dettes ont été reprises par les repreneurs. D'autres détails se rapportant à la privatisation seront abordés lors de la présentation, en avril, du bilan du gouvernement devant l'APN, indique M. Ouyahia. Le chef du gouvernement soutient que le processus décisionnel au niveau du conseil des participations de l'état “se fait dans la transparence”. Le chef du gouvernement confirme l'ouverture du capital de trois banques publiques, précisant tout de même que “c'est un long chemin”. Il annonce, en revanche, le retour de la Badr et de la Cnep à leur spécialisation, la Badr pour le financement de l'agriculture et la Cnep pour la promotion immobilière. La décision, là pareillement, a été prise lors des réunions restreintes avec le chef de l'état. Le chef du gouvernement est revenu sur son instruction concernant les dépôts des fonds des entreprises publiques dans les banques publiques. Il affirme, en parlant de capitaux privés, que sur 292 milliards de dinars de dépôts à vue, 219 sont dans les banques publiques. Sur 1 169 milliards de dépôts à terme des opérateurs privés, 1 126 milliards de dinars sont dans les banques publiques. Plus explicite, le chef du gouvernement souligne, à juste titre, que la dernière des banques publiques a un réseau de 150 à 140 agences, alors que les banques privées nationales et étrangères “sont installées dans des villas et parfois même dans des hôtels”. “Le tapage sur cette question a été fait à l'intérieur et non pas à l'extérieur”, regrette le chef du gouvernement, faisant allusion, éventuellement, aux différentes sorties médiatiques du ministre des finances. Même si le chef du gouvernement dit à la presse “de ne pas chercher le diable là où il n'existe pas” en évoquant sa relation, qu'on dit conflictuelle, avec son ministre des finances. “C'est un collègue, nous travaillons au sein de la même équipe”, s'est contenté de dire Ouyahia. Allocations familiales Le chef du gouvernement a évoqué dans ses réponses à la presse la question des allocations familiales, en précisant que sept organisations patronales, dont cinq représentant le patronat privé, ont participé à la tripartite. M. Ahmed Ouyahia dit “ne pas être concerné par la représentativité des uns et des autres”. Le chef du gouvernement dit avoir “souhaité que le Forum des chefs d'entreprise (FCE) réponde favorablement à l'invitation qui lui a été faite de se joindre à la tripartite”. Le chef du gouvernement précise que le FCE sera, dans le cadre de la concertation, associé à l'élaboration du pacte national économique et social. Mais pour lui, le transfert des prestations des allocations familiales à la charge des employeurs est un objectif incontournable. Il précise tout de même que la mesure se fera graduellement sans alourdir davantage les charges de l'entreprise. Le chef du gouvernement estime qu'il “faut sortir de l'entreprise traditionnelle "assistée", il faut sortir de la logique de la fraude au niveau de certains”. 57 000 entreprises créées Le total des nouvelles entreprises créées en 2004 par le dispositif Ansej et de crédit à la petite et moyenne entreprise est de 570 00 entreprises, souligne M. Ahmed Ouyahia. L'investissement productif enregistrait une nette progression tant pour le budget de l'état (8,7 milliards de dollars en 2004 contre 29,3 milliards de 1999 à 2003), que privé national et étranger (8,9 milliards de dollars en 2004 contre 16,6 milliards en 1999-2003), soutient avec satisfaction le chef du gouvernement. En parlant de l'investissement, M. Ahmed Ouyahia se dit très affecté “par certains discours tenus lors de la visite du Medef qui a noirci l'image de l'Algérie”. Là également, certains pensent au discours prononcé pas le ministre des finances. Repères - Le gouvernement lancera d'une manière massive et simultanée au cours des prochaines semaines l'ensemble du programme de plus de 700 000 logements financés ou soutenus par des capitaux publics. 92 000 hectares ont été dégagés. 70% des études de sols sont déjà achevées. - L'interdiction d'importation du vin sera levée dans la loi de finances complémentaire pour 2005. - La loi sur le foncier agricole sera présentée à l'APN à la fin de la session actuelle, au plus tard début de la session prochaine. M. R.