La radiation dont il fait l'objet semble ne pas le déranger. Rachid Halet, membre du présidium du FFS et député de Tizi Ouzou, ne mâche pas ses mots. Tout en rejetant la décision prise "sous pression", dit-il, contre lui par la commission de médiation et de règlement des conflits, il affirme qu'il "combattra jusqu'au bout ces pratiques mafieuses de ceux qui sont à l'origine de sa radiation". Il a rappelé que le prétexte trouvé par ses adversaires pour le radier est son témoignage sur une proposition qu'aurait faite le général Nezzar au défunt Aït Ahmed après l'arrêt du processus électoral. Il a relevé, d'abord, que l'affaire date de 11 mois, et ensuite, qu'il avait proposé de s'exliquer "pour en faire un élément du débat au sein du conseil national". Notre interlocuteur estime que ce tremplin cache mal une volonté manifeste d'en finir avec lui au sein de l'instance. Il met au défi ses adversaires et persiste en annonçant : "Je suis et je reste membre de l'instance présidentielle du FFS jusqu'au terme du mandat qui nous a été confié à titre collectif par le cinquième congrès du FFS." Réitérant ses accusations contre ceux qu'il a qualifiés, dans sa déclaration, de "putschistes", M. Halet persiste et signe et avoue que "l'objectif du coup de force" contre lui orchestré par Chérifi Mohand Amokrane, Ali Laskri et Aziz Balloul est "de s'assurer une succession clanique, voire familiale, à la tête du parti". Interrogé sur une autre accusation portée contre ses collègues du parti, où il a dénoncé la volonté de ce groupe "de contrôler les échéances électorales à venir, nationales et locales, pour récompenser leurs clientèles, assurer leur hégémonie sur le prochain congrès du FFS et monnayer leur soutien à l'occasion de la succession du chef de l'Etat en 2019", M. Halet souligne que "le reprofilage du parti en vue d'un rapprochement probable avec certains segments du pouvoir", qu'il a évoqué, toujours dans sa déclaration, se profile et se confirme au fur et à mesure que ces échéances avancent. "De toutes les façons, et quel que soit le mode de succession à la tête de l'Etat, le pouvoir aura besoin de la caution du FFS ne serait-ce que pour la vitrine du régime à l'étranger", a prédit M. Halet, ajoutant : "Comme le régime est hétérogène, celui qui négociera la Kabylie aura des avantages en la matière." Concernant le conseil national prévu pour demain, Rachid Halet souhaite que des membres de cette instance "soient à la hauteur de l'enjeu et dénoncent la violation des statuts et démasquent les objectifs cachés que poursuivent ces individus". Dans le cas contraire et si le conseil national passe outre sa radiation, il affirme qu'il sera ainsi dans l'obligation de prendre ses responsabilités. "Si sur 150 membres, personne n'osera parler de ce putsch, je pense que le moment sera venu pour que je prenne mes responsabilités et que je travaille avec les militants hors des instances", a-t-il dit. Du côté des militants du parti, selon des échos, la radiation de Rachid Halet a été sentie comme d'abord "une trahison des idéaux démocratiques du parti" et, ensuite, comme "un défi" lancé aux militants. Ces militants, qui se disent être "en pleine concertation pour préparer la riposte", estiment que le parti "n'est pas la propriété de quiconque" et que "seul le règlement intérieur est au-dessus de tous". Entre ceux qui pensent que l'exclusion "d'un ancien d'Avril 80, pur produit de la clandestinité, et d'un militant qui a fait ses preuves est un coup dur pour le FFS", et ceux qui "ne vont pas se taire devant ces pratiques staliniennes d'une clique animée, essentiellement, par des ambitions personnelles", tout indique, selon un élu du parti, que "le FFS va droit au mur". Mohamed Mouloudj